Chapitre 4 - Carter

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Je n'ai pas recroisé Sofia depuis cette fameuse scène de l'ascenseur.

Ce n'est peut-être pas plus mal, ceci dit. Parce que j'ai de plus en plus de difficulté à me contenir en sa présence. Je me demande si elle a conscience de l'effet qu'elle me fait et si ce petit jeu du chat et de la souris auquel nous nous adonnons lui plait, à elle aussi.

Les jours défilent et se ressemblent.

J'arrive ici à l'aube, y passe de longues heures et travaille d'arrache-pied pour être le meilleur.

En ce moment, je passe même plus de temps dans les locaux de cette entreprise que dans mon propre appartement. Il faudrait probablement que je fasse quelque chose à ce sujet...

Je ne le fais pas pour l'argent.

Ce n'est pas quelque chose dont je manque.

Mon salaire chez Porter Industries est plus que confortable. Mais je n'en vole pas un centime, étant donné le temps considérable que je passe ici et le travail que je fournis.

J'ai travaillé dur pour en arriver où je suis et j'ai sacrifié beaucoup de choses pour y parvenir.

J'en ai conscience et j'espère que les gens qui m'entourent aussi, peu importe ce qu'ils pensent de moi à côté. Je me fiche d'être apprécié ou non, tant que je sais que mon travail est bon.

Mes grands-parents sont décédés en nous laissant, à mes frères et à moi, une très jolie somme à partager.

Je suis à l'abri du besoin pour cette vie et les suivantes. Mais je ne me suis jamais imaginé dilapider l'héritage qu'ils ont mis toute une existence à édifier, sans jamais rien faire de la mienne.

Je leur dois beaucoup à tous les deux. Et je ne parle pas seulement du côté financier.

Si je le pouvais, je rendrais chaque dollar dont j'ai hérité pour les avoir à nouveau auprès de moi.

Mon grand-père était un homme avisé et la modeste entreprise de construction qu'il a bâtie à ses débuts s'est transformée en une société pérenne. Elle a grandi d'année en année, lui permettant d'engranger des sommes considérables, afin que les siens mènent une vie confortable.

Parti de rien, il a toujours travaillé dur et jamais ne s'est découragé.

Cela lui a incroyablement bien réussi.

Mais c'était avant tout un homme bon, au grand cœur. Un homme qui a constamment donné sans compter à ceux qui en avaient le plus besoin.

Lorsque sa société a commencé à prendre de l'ampleur, il s'est rapidement tourné vers les autres pour leur venir en aide. Je l'ai toujours beaucoup admiré pour ça. Une fois qu'ils ont de l'argent, beaucoup de ceux qui réussissent oublient d'où ils viennent. Je ne l'ai que trop bien constaté avec mon père.

Cela n'a jamais été le cas de mes grands-parents, qui ont, au contraire, sans cesse été d'une générosité extrême.

Ils ont financé, des années durant, les fournitures scolaires pour les enfants des familles démunies de la ville. Également réparé le toit de la maison de retraite, à titre gracieux, après qu'une tempête l'ait emporté une nuit d'hiver. Ou encore remplis les frigos de nombreuses associations.

Ils avaient même ouvert un refuge pour les animaux abandonnés où j'adorais aller avec mes frères, lorsque j'étais gamin. Nous y passions des heures entières, à les nourrir et à prendre soin d'eux alors que tout le monde les avait rejetés.

Ma grand-mère n'était pas en reste. C'était une femme douce, aimante et incroyablement altruiste elle aussi.

On dit souvent que derrière chaque grand homme se cache une femme.

Céder à la tentationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant