𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟕 | Ignorer au lieu d'accepter

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Le sol était dur et froid.

La nuit était tombée, plongeant mon appartement dans le noir le plus complet.

Je n'avais pas bougé depuis ma crise et, pour être tout à fait honnête, je venais tout juste de me réveiller.

Impossible malheureusement de savoir si je m'étais assoupi d'épuisement ou si la douleur m'avait fait perdre connaissance.

Au fond, dormir c'était comme s'évanouir... non ?

Mes muscles me faisaient souffrir et ma gorge était affreusement sèche. La tête me tournait légèrement et mes yeux brûlaient. Au moins, ma respiration avait réussi à se stabiliser.

À peine mes paupières s'étaient-elle relevées que j'avais scellé cette journée dans un tiroir de mon esprit, à double tour, dans l'espoir de ne plus jamais l'évoquer. Enfin, si l'on reprenait ma stupide métaphore des vagues, on pourrait potentiellement dire que j'emportais mes souvenirs au large.

Je suppose qu'un homme à une capacité maximale de résistance à la peine. Chaque être humain étant différent, nombreuses perceptions existent. Cependant, aucune personne vivante ne peut supporter tous les malheurs du monde ; plus ou moins tardivement, on finit tous par en être brisé. À mon humble avis, j'étais de ce genre à encaisser, encore et encore, jusqu'à subitement craquer. Qui sait même ce que j'avais pu endurer durant mon enfance, qui sait même ce que mon cerveau avait décidé de me faire ignorer...

Je ne me rappelais que de moments épisodiques.

Des flashs de la violence de mon père me revenaient par instants, comme pour me hanter.

J'entendais les pleurs de ma mère, les beuglements de son mari, le bruit des gifles claquant l'air et l'effroi submergeant sa voix, ses gestes, son regard lorsque, rassasiée de ses coups, ils finissaient par s'abattre sur moi.

Il me semblait également m'être habitué à ce genre de comportement, à aller à l'école persuadé que les autres enfants avaient des bleus camouflés sous leurs vêtements. Et je trouvais ça rassurant de penser ne pas être le seul, que c'était normal, que tout le monde vivait la même chose.

Et puis il y eu le soir où tout avait dérapé. Où sa colère n'avait pu être contrôlée. Où même le sang n'avait pas réussi à le calmer.

Le soir où tous mes souvenirs s'étaient évaporés.

Ma mère n'avait plus revu la lumière du jour. Elle avait laissé son dernier souffle s'envoler avant que les secours ne puissent l'aider. Et moi, j'avais fini par quitter le pays, abandonnant son meurtrier hanté par la culpabilité. Aujourd'hui, on ne se parlait uniquement que par intérêt. Il me souhaitait mon anniversaire, un joyeux Noël, une bonne année... Je ne lui répondais jamais. Chaque année, à la date où tout avait basculé, il m'appelait pour s'excuser, m'avouer sa douleur quant à la perte de sa soi-disant femme bien-aimée.

Évanescence | TkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant