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On dit souvent que la solitude est un moyen de se protéger du monde extérieur, que l'on préfère être seul plutôt que de supporter la présence d'individus nocifs. Mais se retrouver seul avec soi-même ne se termine jamais bien. Nous incarnons alors tout ce que nous fuyions, et ainsi débute la chute vers l'enfer.
À ne côtoyer que soi, on finit par ne considérer que soi.
Nos idées, notre philosophie sont le centre de nos pensées, impossible de voir plus loin ce que notre réflexion permet.
Je m'étais toujours promis de ne pas m'enfermer dans ce cercle vicieux qu'est l'introspection. Je n'avais pas envie de connaître mes émotions et d'y prêter une plus grande attention. L'ignorance maintenait les nuages éloignés.
Je ne m'occupais pas des autres, je ne m'occupais pas de moi.
Et j'estimais que Namjoon avait tort.
Pourtant... La solitude était la réponse à mes problèmes. Ou plutôt, la routine était la réponse à mes problèmes. Je n'avais pas besoin de me poser de questions, je ne comblais pas mon existence avec des « si » qui n'allaient pas se produire. Je ne me projetais pas, n'avais pas de projets étalés sur plusieurs années. J'écrivais, je publiais, tout cela selon un rythme qui me convenait, que Namjoon respectait, que mes lecteurs appréciaient. Du moins, c'était ce que j'avais lu dans des critiques.
Il était rare de pouvoir vivre de ses ouvrages et voilà que cette opportunité s'était présentée. Je n'en étais pas fier, et encore moins satisfait. Je crois juste que ça m'importait. J'aimais les mots, les disposer de façon à les sublimer, mais mon travail consistait simplement à partager, et non pas à chercher une quelconque reconnaissance. J'étais anonyme et comptais bien le rester jusqu'à ce que mon souffle s'éteigne. Je n'avais pas encore décidé si une lettre écrite sur mon lit de mort dévoilerait mon identité, ou si mon secret serait emporté avec mes cendres.
Enfin, si je ne décédais pas prématurément. Il était impossible de savoir ce qui allait se passer. Je laissais cette responsabilité à mon éditeur, ce serait son choix.
Je crois au fond que ça m'était égal ; que les personnes sachent qui je suis une fois mort ne changerait rien. Je souhaitais esquiver les paroles futiles que l'on prononçait par simple empathie. La pitié me perturbait, j'avais la nette impression que les autres portaient un masque pour camoufler leur vrai visage. Ils veulent tous être gentils, sans même savoir ce qu'est la véritable gentillesse. On nous dit toujours d'éviter les sujets sensibles, d'éviter de blesser ceux qui nous entourent, mais j'étais convaincu que c'était une excuse pour ne pas s'impliquer dans ce qui ne nous regarde pas.
À écouter les problèmes des autres, on finit par s'attacher à eux. Le cœur récupère une partie de leurs tourments, qui s'accumulent jusqu'à l'implosion. Faire semblant de ne pas voir, simuler une distance, ce sont juste des moyens de se protéger.
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Évanescence | Tk
Storie d'amore« 𝐿𝑎̀ 𝑜𝑢̀ 𝑙𝑎 𝑣𝑎𝑔𝑢𝑒 𝑒𝑡 𝑙𝑒 𝑣𝑒𝑛𝑡 𝑠𝑒 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑟𝑒𝑛𝑐𝑜𝑛𝑡𝑟𝑒́𝑠 » Depuis deux ans, Taehyung se réfugie dans une routine rassurante qu'il refuse de transgresser. Il s'assoit dans un café parisien, près de la baie vitrée, savouran...