𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟑 | Respirer, suffoquer

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༄

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Jungkook était parti après ça. Une fois la question posée, il s'était levé sans m'adresser un sourire. Sans doute que ce dernier aurait été faux. Il n'avait pas attendu que je réponde, sachant pertinemment qu'il avait raison : ce n'était pas le moment. Mais la curiosité prenait parfois le dessus.

J'étais finalement resté assis à ma chaise, puis avais commandé un nouveau café. Le corps figé jusqu'à dix-huit heures.

Emma et son père devaient me prendre pour un fou.

Sûrement que je l'étais.

Trois noirs. Sans lait. Sans sucre. Huit heures, arrivé. Dix-huit heures, départ. Incapacité de manger le midi. Incapacité de vivre autrement.

J'étais coincé dans une routine.

Tic. Tac. Tic. Tac.

Les secondes s'écoulaient, chacune était précieuse. La suivante n'était jamais la même que la précédente. Il nous était impossible de revivre la même seconde, le temps ne pouvait s'arrêter. La terre tournait, le monde avançait ; et moi j'étais coincé.

Je flottais. Souvent les vagues m'emportaient dans des crises ; je perdais connaissance et à mon réveil, elles n'étaient plus. Comme si elles n'étaient qu'une chose insignifiante dont je ne souhaitais guère me préoccuper.

Et ça l'était, insignifiant.

Depuis ma naissance, tout était rythmé par une douloureuse dissonance : les coups, les cris. Et maintenant, la solitude et l'oubli.

Je ne voulais pas me souvenir. Vivre dans l'ignorance de mon passé m'empêchait d'être rongé par celui-ci. Alors je crois, qu'au fond, je faisais en sorte de ne pas me bousculer pour retarder ce moment, jusqu'à ma fin.

Une fin encore lointaine. Sûrement.

Dans la contrainte d'exister dans une boucle infinie qui me noyait, de plus en plus, sans m'autoriser à respirer convenablement.

Jungkook ne venait pas tous les jours, mais il faisait l'effort d'être présent le lundi, et le samedi. Comme par désir de prolonger son souvenir le dimanche, et de s'assurer qu'il n'ait pas été oublié en revenant en début de semaine. Il ne restait pas toute la journée, juste quelques heures. Celles où mon inspiration était aussi fluctuante que ses envies. Il me rendait fou, à ne jamais consommer la même boisson, passant du milkshake au chocolat chaud, du chocolat chaud au soda sans sucre, du soda sans sucre au thé, du thé à l'eau, et de l'eau au milkshake. Tantôt un gâteau se posait devant lui, tantôt une viennoiserie, et le lendemain rien. Tout comme il venait à des heures, des minutes et des secondes différentes, m'embrouillant l'esprit, me surprenant sans cesse, attisant cruellement ma curiosité.

Jungkook me prévenait uniquement de ses longues absences, celles de plusieurs jours consécutifs.

Et mon roman progressait difficilement, trop faiblement.

Évanescence | TkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant