𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟏 | Somnifères

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Je n'étais pas à l'aise. Jungkook avait coupé la radio et seul le léger vrombissement de sa voiture électrique persistait.

J'avais senti sa main passer non loin de ma cuisse lorsqu'il avait utilisé le levier de vitesse pour sortir de sa place de parking extérieur, ça m'avait tétanisé. J'étais crispé, je n'arrivais pas à me détendre. Mes yeux se fermaient sans effort, ma migraine était en train de me vider de mon énergie, mais je ne devais pas m'endormir. Pas ici. Pas sans mon traitement.

Si mon médecin savait que je ne le prenais qu'occasionnellement, il soufflerait d'exaspération. Je n'écoutais aucune de ses recommandations, n'en faisais qu'à ma tête. Ce n'était pas nouveau, après tout.

Le silence me gênait, j'avais l'impression que des mots flottaient autour de nous sans jamais parvenir à leur destination. Ça me stressait, m'effrayait. L'heure indiquée sur le tableau de bord confirmait mes inquiétudes, il était tard. Si tard. Vingt-trois heures trente approchaient et je n'étais toujours pas rentré. Encore une fois, ma routine s'était brisée.

— On est bientôt arrivé, me dit-il en continuant de fixer la route.

Moi, je m'étais mis à le regarder.

Je ne pourrais jamais m'y faire. Comment faisait-on pour se comprendre sans que rien ne fût explicité ? C'était impossible, et pourtant cela se produisait constamment.

Les lampadaires de la rue illuminaient son visage à intervalle régulier. Il s'assombrissait, s'éclairait, s'assombrissait, s'éclairait entre chaque point de lumière.

Il dut s'apercevoir que je l'observais : ses lèvres gercées se retroussèrent légèrement. Il n'osait pas répondre à mon insistance, me laissant admirer la douceur de sa peau, ses traits fins et ses piercings brisant leur parfaite harmonie. Je n'étais pas particulièrement fan de ce genre de décoration, mais je devais avouer que sur lui, ce n'était pas désagréable. Tout comme son tatouage, ce « X », encré sur sa main droite, près de son pouce. Jungkook ne portait ni sa casquette, ni son bonnet, ni même ses lunettes - que je supposais de repos. Il était comme neutre face à moi ce soir, et il était si beau.

Cependant, la beauté cachait souvent une véritable détresse. Les belles choses étaient fragiles et je savais qu'il l'était. Comme un cristal menaçant de se briser à la moindre chute. Je ne pouvais ni l'expliquer ni le prouver. Je le ressentais. Son corps parlait à sa place. Il tentait de le maîtriser, je le voyais, il se retenait. Il avait conscience que chacune de ses expressions m'était lisible. Il tentait de me rassurer, n'ayant pourtant pas besoin de le faire. Il n'arrivait pas à se laisser aller en ma présence, il n'arrivait pas à se détendre, lui non plus.

Pourquoi étions-nous si similaires ?

Mon regard se déplaça pour admirer le paysage nocturne de Paris. Mon coude contre le rebord de la portière supportait le poids de ma main sous mon menton. La fenêtre entrouverte laissait passer un faible courant d'air brassant mes cheveux.

Évanescence | TkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant