༄
De la terreur.
Voilà ce que je ressentais.
La journée s'était écoulée avec monotonie et extrême lenteur. L'hiver donnait au ciel une teinte grise, maussade et déprimante.
Jungkook m'avait laissé les clés. À midi, j'étais parti me chercher à manger dans une boulangerie. Rien de bien fameux, juste un plat assez consistant pour combler le trou dans mon estomac. J'avais eu légèrement faim, profitant de cette occasion pour rattraper les dizaines de repas ratés.
Et puis j'avais écrit. Encore. Presque honteusement depuis que Namjoon m'avait reproché le sujet du manuscrit. J'avais remis la police en noir, mais je la voyais toujours rouge.
Avant qu'il ne rentre, j'avais observé son logement et laissé mon empreinte sur le plan de travail puis sur les poignées de porte. Une seule était restée fermée, ne voulant guère entrer dans son intimité sans sa permission.
J'étais retourné dans la salle de bains, me fixant dans le long miroir collé à une armoire. Mes cheveux avaient poussé et mériteraient une bonne coupe. Mon visage pâle, figé et mes cernes me donnaient des allures de mort-vivant. Mais n'était-ce pas ce que j'étais, finalement ?
Ni mort.
Ni vivant.
Mort.
Et vivant.
J'avais mis ma tête sous l'eau froide, plongé dans le lavabo, les lèvres entrouvertes comme dans l'espoir de véritablement me noyer. En reculant, mon pied s'était cogné contre la pédale de sa poubelle et c'est là que tout a dérapé.
C'est là que je me suis pétrifié, que mon cœur est parti en Tac et en Tic, que les voix se sont égosillées et que je crus m'entendre également pousser un cri.
Un simple pas, un simple geste, une simple action venait de tout ruiner.
Jungkook était un menteur.
Un meilleur menteur que moi.
Un excellent menteur, même.
Dans l'urgence, je composai son numéro sur mon téléphone, prêt à le confronter directement. Mais je me défilai avant d'appuyer sur le bouton.
Il y avait certainement une raison pour qu'il ait omis ce fait. Il y avait certainement une raison pour laquelle il m'avait parlé de ses troubles alimentaires mais pas de ses tendances autodestructrices.
Mais qui étais-je pour le juger alors qu'il m'arrivait de penser pareil ? Qui étais-je pour le juger alors que j'avais parfois envie de me blesser ? Je crois seulement que je n'avais pas prévu ça, que Jungkook se fasse du mal.
Je soulageai sa peine, mais apparemment pas assez.
Des compresses. Des compresses ensanglantées au fond de la poubelle. Un vermillon séché tirant sur le marron. Je l'avais aperçu une courte seconde. Une unique seconde, suffisante pour que je m'effondre. La douleur que je ressentais était plus violente que l'inquiétude, plus violente que toutes celles que j'avais pu expérimenter jusqu'à aujourd'hui.
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Évanescence | Tk
Romance« 𝐿𝑎̀ 𝑜𝑢̀ 𝑙𝑎 𝑣𝑎𝑔𝑢𝑒 𝑒𝑡 𝑙𝑒 𝑣𝑒𝑛𝑡 𝑠𝑒 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑟𝑒𝑛𝑐𝑜𝑛𝑡𝑟𝑒́𝑠 » Depuis deux ans, Taehyung se réfugie dans une routine rassurante qu'il refuse de transgresser. Il s'assoit dans un café parisien, près de la baie vitrée, savouran...