𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟐𝟓 | Quitter le monde

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Il y avait un livre que j'aimais. Ce n'était pas mon préféré, si même y en avait-il un que je préférais. Je l'aimais sûrement parce que c'était un des rares que ma mère avait pu m'acheter avant qu'elle ne meure. Et peut-être que ma passion pour la littérature était née après cette lecture.

Je ne me souvenais pas de l'élément déclencheur.

L'écriture était venue à moi dans l'égal automatisme du métabolisme qui transforme l'oxygène en dioxyde de carbone. L'espoir de libérer ma douleur infantile dans les lettres que j'apposais avait été inné.

Je pense que la passion se développe au fil du temps, mais qu'intérieurement, il y a un appel qui n'attend qu'à être découvert. Et je persiste à croire que si mon père ne m'avait pas battu, s'il ne l'avait pas tué elle, alors jamais je n'aurais appris à aimer les mots comme je les aime aujourd'hui.

J'étais reconnaissant, au fond. Car l'écriture était la seule chose qui ne me dévorait pas. Elle me prenait aux tripes, tordait ma gorge à m'en couper le souffle et vibrait dans mes veines dans une délicate démangeaison. J'en perdais la raison, souvent, et je ne l'empêchais pas.

Moins j'étais conscient, mieux j'écrivais.

Les émotions délient la langue et l'écriture paraît plus vivante.

Jungkook parlait avec son corps, je parlais avec les mots.

J'ai appris à écrire, pas à communiquer.

En bref, il y avait ce livre que j'aimais et que je n'avais jamais eu le courage de relire. Un bon ouvrage marque lors de sa première lecture, si le besoin de refeuilleter les pages nous prends, il faut le retenir. Je ne voulais pas gâcher mon ressenti. Garder le souvenir du cœur tambourinant.

Pour moi, bien écrire c'est réussir à partager des émotions.

Boum. Boum.

J'angoisse.

La lecture me transcende parfois. Impossible de penser à autre chose qu'à la suite de l'histoire. Ça bouscule, bouleverse.

Boum. Boum.

J'existe pour la littérature.

Peut-être que j'en étais son incarnation.

Il serait alors plus approprié de dire que je suis littérature.

Je suis mot.

Tic. Tac. Tic. Tac.

Quitter le monde, de Douglas Kennedy.

Pas son meilleur roman, selon les critiques. L'unique que j'aie lu.

Jane, une jeune fille de treize ans, annonce à ses parents qu'elle ne se mariera jamais et n'aura pas d'enfants. Le lendemain, son père quitte le nid familial et sa mère la tient pour responsable. S'enchaînent ensuite de lourdes péripéties, plus dramatiques les unes que les autres. De la tromperie de son premier conjoint à la mort de son enfant, puis de la dépression engluant ses journées. Il faut un esprit entier et stable pour lire ce livre, je l'ai fait sans émotion.

Évanescence | TkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant