𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟔 | L'art te ressemble

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༄

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— Taehyung, ne bouge pas, ok ?!

C'était terrible la façon dont le monde tournait autour de moi. Les lumières ne semblaient être plus qu'éclats, et l'environnement flou. Mon esprit saturait, je crois. Il atteignait ses limites alors qu'il me restait encore tant d'années à vivre. Comment supporter les jours, à partir de maintenant ?

— Putain, t'es avec moi ? Réponds-moi, s'il te plaît, tu me fais peur.

Des filets vermillon s'écoulaient de mes doigts, s'écrasant contre le bois de la table. Je n'avais pas mal, la douleur physique ne me faisait plus rien depuis longtemps. Mais je sentais que quelque chose n'allait pas ; je n'arrivais juste pas à savoir de quoi il s'agissait.

— Ça va, Namjoon.

Le mensonge traversa mes lèvres, comme par habitude, ou lassitude d'entendre l'inquiétude. Je ne réfléchissais même plus quand je prononçais ces mots : ils étaient automatiques.

J'avais envie de rire au souvenir de mon médecin me proposant d'aller voir un professionnel. Comment réussir à parler de soi sans se sentir oppressé ? Comme si la personne en face attendait seulement qu'on pleure, qu'on hurle, qu'on avoue tout ce que l'on a sur la conscience pour recommencer la séance suivante. Moi j'étais figé, la bouche cousue, et le cœur troué. J'encaissais sans rien encaisser. J'étais mort sans en ressentir les effets.

— Non, ça ne va pas !

Un torchon humide s'entoura autour de mes phalanges, faisant tomber les derniers morceaux de verre plantés dans ma peau.

— Qu'est-ce qui t'as pris de le serrer aussi fort ?! Taehyung, putain, tu...

— Je ne m'en suis pas rendu compte, avouai-je. Je ne me rappelle même pas l'avoir eu dans mes mains.

Il soupira.

— Je ne vais pas avoir le choix, Taehyung. Je vais t'imposer des congés et...

— Tu ne peux pas faire ça et tu le sais. Je vais bien, ne t'en fais pas pour moi.

— Je pensais que...

— S'il te plaît, arrêtons d'en parler. Tu m'as promis que si j'acceptais de venir samedi, alors tu ne lancerais plus ce sujet.

Il soupira, encore. Namjoon ne faisait que ça lorsqu'il était avec moi. Peut-être étais-je un poids dont il espérait s'alléger en soufflant.

— Est-ce que tu as de quoi nettoyer les plaies ?

Les plaies, celles qui me détruisaient, étaient invisibles.

— Non.

Et elles ne faisaient que s'infecter.

— Tu peux te lever ? J'aimerais au moins que tu glisses ta main sous l'eau.

Je détestais ce rouge, il était bien trop assimilable à mon passé. Mon cœur battait fort, pas vite. Il frappait, tout simplement, brouillant les sons alentour par sa puissance tétanisant. Fatigué, je fermai les yeux un instant, mais les images qui défilaient sous mes paupières me firent regretter mon action. Je fixais mes doigts tremblants sous le torchon. Namjoon me regardait sans intervenir. Il avait probablement peur de me toucher, que je prenne sa gentillesse pour de la pitié. La gentillesse était, dans tous les cas, une forme de pitié. Surtout au vu de ses pupilles remplies de compassion et d'empathie. Moi, je ne connaissais pas ces sentiments, ils ne m'atteignaient jamais.

Évanescence | TkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant