𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟗 | Un bon à rien

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Il y avait une notion que je ne comprenais pas encore très bien. Un événement qui se produisait rarement avec mon corps, mais qui me perturbait à chaque fois. Les crises d'angoisses ne sont pas contrôlables, mais au moins, je restais pleinement conscient de mon existence. Et comme à l'Opéra, j'avais la sensation de flotter. Mon esprit s'envolait, ma vue se troublait. Impression qu'une autre personne prend possession de moi, que la mort m'a tirée sous sa cape pour plonger dans le vide dans mes yeux.

Mais le vide dans mes yeux n'y était pas, actuellement.

Cette sensation, pourtant, était bien là.

Je la détestais. Elle ne durait que peu de temps, moins de dix minutes à chaque fois. Enfin, ça ne m'était pas arrivé assez souvent pour affirmer que ça se produisait toujours de cette façon-là. Il suffirait qu'un nouveau symptôme apparaisse pour fausser toute mon analyse. Cela devait être la troisième, pas plus, pas moins.

Les souvenirs semblaient se dissiper dans ma tête, un peu comme un rêve que l'on oublierait les yeux ouverts. Ce n'était pas moi qui vivait, mais c'était moi qui respirait.

— Taehyung...

Il prononçait mon prénom à la perfection, même Jungkook ne le faisait pas aussi bien. Jungkook n'avait d'ailleurs pas d'accent, était-il vraiment coréen ? Il parlait français comme sa langue maternelle, avec cette intonation de pur parisien.

J'étais tétanisé, je crois. Sinon pourquoi ne réussissais-je pas à bouger ? À hurler ?

L'instinct de survie m'avait quitté depuis longtemps. Persuadé qu'il m'aurait poussé à m'enfuir s'il était encore là. Fuir ou appeler la police. Mon téléphone vibrait dans la poche de mon manteau, mais mes mains tremblaient trop pour que je puisse le récupérer. Mes clés toujours au sol, elles me regardaient sans comprendre ce qui m'arrivait. Moi non plus je ne comprenais pas. Je ne comprenais plus rien. Jungkook et son vent avaient tout détraqué, remettant sur la table des émotions que je n'aurai jamais voulu connaître à nouveau. Paris n'était plus si calme. Paris n'était plus fait pour moi. Souvenir de ma mère, Iris, née en France et ayant déménagé en Corée-du-Sud par envie d'évasion, j'avais fait le sens inverse de son chemin. Le sien l'avait tué, moi j'espérais qu'il me fasse vivre. Sûrement que la paix n'était pas éternelle, elle non plus.

— Comment... comment êtes-vous monté... ?

Le code avait été changé. Que fallait-il que je fasse de plus pour le semer ? Pour qu'il me laisse tranquille ? Je ne voulais pas entendre ce qu'il désirait me dire, il ne parlait même pas français. Était-il venu exprès pour me retrouver ? Tant d'efforts fournis pour ne voir qu'un cadavre enseveli sous un passé oublié. Je ne savais plus si j'avais toujours été comme ça, amorphe. Ou bien si c'est la mort de ma mère qui m'a changé. Il faudrait que je demande à mon père, seul témoin restant de mon comportement. Probable qu'il ne se soit même pas rendu compte de comment j'étais, à l'époque.

Évanescence | TkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant