༄
Le trajet était interminable.
Moi qui appréciais d'ordinaire le calme de ma voiture, là, il me terrassait. Dans mon crâne, ça parlait. Sans cesse. Impossible de compter le nombre de voix différentes qui se chamaillaient. Impossible d'en placer une. Impossible de faire le vide et de les ignorer.
La lueur des décorations de Noël brûlait mes rétines encore ensommeillées. J'étais épuisé, presque à m'endormir sur le volant. La route m'appartenait. Il n'y avait que moi qui circulait. En même temps, il était trois heures du matin.
La radio éteinte, je laissai le moteur ronronner à mes oreilles. C'est drôle la façon dont j'avais besoin d'être entièrement conscient de mon environnement. Peut-être pour m'assurer que la mort était seulement dans ma tête.
Qu'il y avait encore une chance de s'en sortir.
Est-ce que j'en avais envie ? Est-ce que j'avais envie de lutter ? D'agir ?
Pas vraiment.
Mais je ne pouvais pas me laisser couler tant que Jungkook n'était pas heureux. Ça me torturait ! Son bonheur était devenu ma priorité. Plus qu'écrire, plus que maintenir mes souvenirs à l'écart, plus que ma routine.
J'avais presque arraché la portière de mon véhicule lorsque j'en suis sorti. Mon sac à la main, je marchai en direction de l'interphone - par chance, j'avais pu trouver une place pour me garer à proximité. Mes yeux connaissant déjà par cœur l'emplacement de son nom de famille, j'appuyai sur le bouton avec une certaine appréhension.
Est-ce que me rendre chez lui allait devenir une nouvelle habitude ?
Bordel... je l'espérais.
Il me déverrouilla la porte sans répondre. Ça m'inquiétait. M'alarmait.
Jungkook n'avait jamais beaucoup parlé. Il le faisait intelligemment, précautionneusement. Il était toutefois plus bavard que moi. Quelque chose n'allait pas, putain. Je le sentais. Jungkook m'appelait, hurlait sans ouvrir la bouche. Ces cris étaient aussi silencieux que les miens. Sûrement pour ça que je pouvais les entendre.
Sûrement pour ça qu'il pouvait m'entendre.
Et j'avais peur. Peur qu'il continue de se taire au lieu de s'exprimer.
J'étais patient. Si patient. Lui également, mais je l'étais d'autant plus. Mais là, maintenant, à présent, l'impatience faisait crépiter mon corps. Je devais tout connaître de lui ou j'en deviendrais complètement fou. J'étais capable de me molester devant lui si ça pouvait le faire parler. J'étais prêt à tout.
Mourir pour ses larmes. Empoisonné par son sourire. Blessé par sa détresse.
La douleur écrasait ma poitrine ; elle me donnait une raison de vivre. Si je souffrais, Jungkook irait bien.
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Évanescence | Tk
Romance« 𝐿𝑎̀ 𝑜𝑢̀ 𝑙𝑎 𝑣𝑎𝑔𝑢𝑒 𝑒𝑡 𝑙𝑒 𝑣𝑒𝑛𝑡 𝑠𝑒 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑟𝑒𝑛𝑐𝑜𝑛𝑡𝑟𝑒́𝑠 » Depuis deux ans, Taehyung se réfugie dans une routine rassurante qu'il refuse de transgresser. Il s'assoit dans un café parisien, près de la baie vitrée, savouran...