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Malgré les congés, je ne pouvais oublier la manière dont les mots me bouleversaient. Impossible de les garder juste dans ma tête, j'avais besoin de les voir pour que tout devienne concret.
J'avais abandonné Jungkook pour l'après-midi, souhaitant écrire dans un café non loin. Il avait voulu m'accompagner, et bien que j'aurai apprécié sa présence, j'avais envie de me confier à mon ordinateur. Composer avec lui était bénéfique pour ma plume, mais il y a aussi des moments où l'intime prend le dessus.
Les musiciens vivent de notes et de mélodies. Les auteurs vivent pour le poids des mots, l'élégance qui s'en échappe et les tournures que l'on peut créer. L'écriture est une passion solitaire et imprévisible. Il est impossible de savoir à l'avance les phrases exactes que l'on va poser. L'inspiration vient en rédigeant.
Je n'ai jamais eu le syndrome de la page blanche. Bien évidemment, il m'est parfois arrivé de ne pas réussir à formuler ce que je souhaitais, à mélanger mes idées et me perdre dans la folie de la littérature. Jungkook a perturbé mon rythme, rendant mon écriture incertaine et dissonante. Dans ma tête, tout est assourdissant, et je crois que les voix que j'entends sont les mots que je n'ai jamais osé exprimer.
J'ai commencé jeune, dès que le cœur brûlait un peu trop fort, dès que le corps s'épuisait un peu trop vite.
J'étais né pour écrire, c'est un fait duquel je ne pourrais jamais douter.
J'étais né pour écrire, tout comme j'étais né pour aimer Jungkook, pour l'écrire lui. En pensant ainsi, la souffrance accumulée – et dont je me rappelais à présent – paraissait moins terrible.
Une muse et son artiste ne se rencontrent pas par hasard. De toutes les personnes que j'ai pu observer ou approcher, aucune ne m'a apporté autant de sérénité, de confort et de sentiments contradictoires.
Namjoon m'avait appelé en fin d'après-midi – début de matinée pour lui.
Les congés n'étaient pour moi qu'un prétexte pour rédiger sans la pression des minutes qui s'écoulent, je lui avais donc envoyé plus de la moitié du manuscrit avant-hier, en rentrant du cimetière. Il ne restait que la dernière partie, encore incomplète, que j'allais terminer devant la mer.
Il m'en a voulu. Namjoon c'était agacé que je travaille alors que j'étais censé me reposer. Prendre du temps pour moi.
Je ne savais pas faire ça.
Et me priver d'écrire, c'était me priver de mon oxygène.
Guy de Maupassant a dit dans Mon cœur que c'est « par l'écriture toujours qu'on pénètre le mieux les gens. La parole éblouit et trompe, parce qu'elle est mimée par le visage, parce qu'on la voit sortir des lèvres, et que les lèvres plaisent et que les yeux séduisent. Mais les mots noirs sur le papier blanc, c'est l'âme toute nue. »
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Évanescence | Tk
Roman d'amour« 𝐿𝑎̀ 𝑜𝑢̀ 𝑙𝑎 𝑣𝑎𝑔𝑢𝑒 𝑒𝑡 𝑙𝑒 𝑣𝑒𝑛𝑡 𝑠𝑒 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑟𝑒𝑛𝑐𝑜𝑛𝑡𝑟𝑒́𝑠 » Depuis deux ans, Taehyung se réfugie dans une routine rassurante qu'il refuse de transgresser. Il s'assoit dans un café parisien, près de la baie vitrée, savouran...