« 𝐿𝑎̀ 𝑜𝑢̀ 𝑙𝑎 𝑣𝑎𝑔𝑢𝑒 𝑒𝑡 𝑙𝑒 𝑣𝑒𝑛𝑡 𝑠𝑒 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑟𝑒𝑛𝑐𝑜𝑛𝑡𝑟𝑒́𝑠 »
Depuis deux ans, Taehyung se réfugie dans une routine rassurante qu'il refuse de transgresser. Il s'assoit dans un café parisien, près de la baie vitrée, savouran...
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༄
Fin avril.
L'hiver avait fait ses adieux pour laisser place au printemps. La saison de Jungkook.
Je n'avais pas eu de nouvelles de la part de mon père. Tout ce que je savais était qu'il avait bloqué mes virements vers son compte, signe qu'il ne prenait plus son traitement, qu'il avait tout bonnement abandonné la lutte pour se laisser périr petit à petit.
Sûrement avait-il compris que retarder la mort c'était retarder l'inévitable.
J'avais cependant pu discuter avec Jimin à plusieurs reprises au téléphone. Parler en coréen me dérangeait moins depuis mon voyage, bien que le français reste ma langue préférée.
Jimin était toujours en couple avec Hyerin, mais quelques fois il semblait moins emballé dans la conversation. Surtout lorsque le sujet dérivait vers des plans d'avenir.
Il serait un jour confronté à l'évanescence des sentiments, c'était certain.
Lorsque je repensais à Yoongi, je ne pouvais que songer à la Réminiscence.
Si l'esprit oublie, l'âme se rappelle.
Et cette soirée du Nouvel An était un signe que les deux hommes se retrouveraient à un moment donné. Il suffisait de savoir quand.
Je voudrais m'excuser auprès de Hyerin de réfléchir ainsi, mais c'était inutile. Tous les couples ne sont pas faits pour durer, de toute façon. C'est triste, mais véridique.
Les gens changent, les envies aussi et les désirs également.
Mon roman Et un jour tout s'arrête, avait été bien noté dans les critiques. Entre-temps, mon premier projet avait reçu un prix littéraire. Une nouveauté pour moi qui, par la suite, a vu sa carrière exploser.
En deux mois, j'étais passé de l'écrivain reconnu dans le monde de la philosophie à l'écrivain reconnu tout court. C'était effrayant puisque je savais que la fin de Sero VIVERE arrivait bientôt.
La sortie d'Une ombre sur mon corps était prévue pour le mois prochain.
Au vu de la notoriété actuelle, le suicide de l'auteur allait avoir un impact bien plus violent que ce que j'avais imaginé.
J'avais hâte. Si hâte.
Jungkook avait lu le tapuscrit corrigé et terminé. Je voulais avoir son retour avant la publication. Je crois que ça devenait important pour moi de savoir ce qu'il pensait de mon travail.
Il avait passé la nuit accroché à mon corps, craignant que je disparaisse. On avait par la suite débattu sur les thèmes traités et j'aimais comment nos avis divergeaient tout en se complétant.
J'adorais d'autant plus son intelligence.
Deux mois c'est rapide, et pourtant le temps semblait s'être ralenti. Les crises de Jungkook s'espaçaient. Il reprenait du poids et moi aussi. Dans mon estomac, la masse continuait de s'alourdir, mais je tentais de l'ignorer. J'étais heureux de voir Jungkook heureux, et ça m'allait. J'aimais vivre ainsi.
