∞ Chapitre 1 ∞

327 15 5
                                    

- GEDIN !

Voici ce que je viens d'entendre. Je suis sur un bateau. La veille, mes parents, ma sœur et moi sommes partis au Canada pour une semaine. Il y a une heure à peine, nous avons pris ce bateau pour se diriger vers une île que nous allons visiter durant la journée. Il fait une chaleur épouvantable. Cependant, le vent que nous procure la vitesse de ce navire la rend moins étouffante et devient très agréable. Le ciel est d'un bleu épatant, sans l'ombre d'un nuage pour y cacher le soleil scintillant qui l'orne.

Les cheveux au vent, ma robe qui frivole, je m'éloigne de ma famille pour aller faire un tour. Je porte une petite robe rose cintrée à la taille : en haut blanche et l'élastique délimite le haut du bas, qui est rose. L'eau est magnifique, turquoise. Je n'ai qu'une envie c'est de me pencher et de laisser ma main effleurer son eau limpide avant de la plonger à l'intérieur et de sentir sa fraîcheur. Je m'avançe donc du bord et me penche pour y admirer sa couleur.

C'est là que j'entends cette voix. Je suis surprise premièrement parce que cette injure m'est peut-être adressée, mais aussi car la voix de celui qui l'a prononcé a un charme. Je me retourne aussitôt avant de découvrir un jeune homme d'environ le même âge que moi, me dépassant d'une quinzaine de centimètres et ayant les cheveux d'un blond éclatant. Il est très beau garçon. Placé à deux ou trois mètres de moi, ce n'ai pas son âge ou sa taille que je remarque en premier, mais ses yeux, d'un bleu époustouflant, ainsi que son sourire en coin absolument splendide qui lui donne une petite fossette ensorcelante. Son regard fixé sur moi me fait revenir à la réalité. Je prends alors conscience que je le dévisage depuis un moment et que c'est bien à moi qu'il parlait. Il perd tout de suite une petite partie de son charme pour devenir arrogant en répétant sur le même ton :

- GEDIN.

Je ne me laisse pas intimidé par sa beauté ou son regard intense posé sur moi, et le regarde droit dans les yeux. Ils sont tellement profond, je pourrais m'y plonger pendant des heures. J'espère que cela ne se voit pas. Il me regarde toujours de cette même façon énervante et ses yeux vont de haut en bas, me reluquant. Un sentiment m'envahis, encore plus fort que l'attirance qu'il me fait éprouver envers lui : l'agacement. Il m'exaspère totalement. Je souffle, lève les yeux au ciel et part en trombe, malgré qu'un désir de rester près de lui se manifeste. Je m'empresse de le mettre de côté pour le moment. Lorsque je passe devant lui, il se met marcher à côté de moi. Je m'arrête aussitôt et le regarde bien en face.

- Qu'est-ce que tu veux ? m'énervai-je.

Je suis fière d'avoir réussi à me montrer presque méchante, que ma voix ne se soit pas cassée, ou que je n'ai pas bégayé. Il me sourit, faisant apparaître deux irrésistibles fossettes, avant de se présenter en tendant la main :

- Je m'appelle Rayane. Et toi ?

Je suis prise au dépourvu. Je crois qu'il essaie d'être gentil. Une première pour lui je suppose. Il doit avoir toutes les filles à ses pieds, et il ne doit pas avoir l'habitude de faire le premier pas. Je regarde sa main puis son visage avec dégoût, même s'il est loin d'être affreux, avant de partir. J'ai affreusement envie de mettre ma main dans la sienne, de savoir l'effet que ferait sa peau sur la mienne, même si ce n'est que pour une poignée de main. Il me rattrape et ses longs doigts fins entourent mon poignet. Malgré que ce geste puisse paraître grossier, exécuté avec de la fermeté, il y a toute foi une certaine douceur. Je sais maintenant l'effet de sa main sur moi : les battements de mon cœur accélèrent, ma respiration se bloque et je suis envahi d'une émotion assez étrange, que je ne pense pas avoir ressenti auparavant, qui me procure des picotements dans l'estomac ainsi qu'un frisson parcourant tout mon corps. J'essaie de récupérer ma main, mais il me retient et me regarde toujours droit dans les yeux -ce qui me fait frémir- avec un sourire qui me fait craquer. Je reprend mes esprit.

- Quoi ? fini-je par demander, sur la défensive, malgré que ma voix ait perdu de sa fermeté.

- Si c'est le surnom qui te dérange, je pensais te faire un compliment.

Il dit cela d'une certaine manière qui me pousserai presque à le croire. Seulement, je sais qu'il ne dit ça qu'uniquement parce que je le repousse. Je lui lance donc avec ironie :

- Vraiment ? C'est très gentil de ta part.

Et je me libère de son emprise d'un coup de bras brusque, avant de partir le doigt d'honneur levé dans mon dos. Un sourire de fierté se dessine le long de mes lèvres. Je me retiens de me retouner pour le regarder une dernière fois Le sentiment de désir est revenu malgré moi, et je continu ma route en regardant droit devant moi. Je suis fière d'avoir échappé à ce garçon à la beauté irrésistible qui m'a, me semble-t-il, dragué, ce qui m'arrive rarement voir jamais.

Je vois mes parents au loin et me dirige vers eux. Ils parlent avec une dame à l'avant du bateau ayant la quarantaine et les cheveux blonds, coupés court.

- Ah Alice, justement on parlait de toi, me dit Maman en me voyant approcher. Voici Catherine, on vient de la rencontrer.

-Bonjour, dis-je poliment alors que j'étais encore mélangé entre l'agacement et l'attirance de ce Rayane. Enchantée.

Puis, regardant mes parents, Catherine leur dit :

- Désolé mais je vais devoir y aller, nous allons bientôt arriver. C'est Franck et Isabelle, c'est ça ? On se verra sûrement sur l'île.

Elle part et je prends sa place pendant que mes parents parlent de cette dame qui est apparemment extrêmement gentille. Ma sœur arrive alors. Elle repousse sa longue tresse blonde sur le côté, elle semble déçue mais heureuse. Elle s'exclame tout de même :

- J'espère qu'il y aura du réseau là-bas, parce que pour l'instant, rien.

- Lucie. On a pas besoin de réseau, on est en Vacances, s'impatiente Maman.

Nous rigolons ensemble puis arrivons sur l'île. Nous faisons connaissance avec deux guides, l'un d'un roux très prononcé aux taches de rousseurs omniprésentes, l'autre métisse, brun et beau garçon d'environ 25 ans. Le roux, qui se nomme Iggy, nous explique, après s'être présenté que nous allons être divisé en deux groupes, l'un avec lui et l'autre avec Thomas.

Le roux, qu'il faudrait que je pense à appeler Iggy, désigne les groupes. Nous nous retrouvons ma famille et moi dans le deuxième groupe, dirigé par le guide séduisant du nom de Thomas. Je m'aperçois que l'égocentrique de service, alias Rayane, est dans le même groupe que moi, et ,plus particulièrement, qu'il me fixe de ses yeux bleus. Je croise son regard et détourne aussitôt le mien, gênée, ce qu'il semble heureux de remarquer.

L'impossible Infini ∞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant