L'impossible Infini ∞

∞ Chapitre 15 ∞

Quel calme. Quel sérénité. Il fait frais, une légère brise de vent se fait ressentir mais c'est agréable et je n'ai pas froid. Je suis assise sur la plage déserte, alors que le soleil commence juste à se lever, et je me sens mieux. Mon esprit ne cesse de réfléchir à un tas de choses, il est constamment en alerte et j'en ai besoin.

Finalement, je pense que je suis pressée de rentrer chez moi, de retrouver mon lit rassurant ainsi que ma routine. Ici, je me sens étouffée. Certes, les premiers jours ont été agréables, bénéfiques pour moi, il est clair que j'en avais absolument besoin. Ma rencontre avec Rayane suivie de peu par ma confidence le lendemain matin m'ont aidée et ça aussi j'en avais besoin. Me confier, dire à voix haute ce qu'il m'est arrivé, prendre conscience que personne ne savait, pouvoir en parler avec quelqu'un ou même savoir simplement qu'une personne sait ce qu'il s'est passé et me comprend lorsque je me réveille en hurlant en pleine nuit. Tout cela m'a aidé. Sur le coup, c'est dur mais comme on dit, on soigne le mal par le mal. Peut être qu'il faut réellement un mal pour un bien. Je n'y crois pas vraiment, je ne pense pas que je vais me sentir bien par la suite mais en tout cas, je suis fière de savoir que j'ai pu le dire à quelqu'un. Ma psychologue serait fière de moi. Je souris à ma propre pensée. 

Le temps passe sans que je ne m'en rende compte et je peux à présent apercevoir la moitié du soleil derrière l'océan. C'est magnifique. Je n'ai jamais vu le levé du soleil, c'est une première pour moi. Je me demande comment j'ai fais pour ne pas l'avoir vu avant. Si j'avais su que c'est aussi époustouflant, je le regarderai chaque matin. C'est un moment magique. C'est un moment rempli de beauté et de sérénité. J'espère au plus profond de moi ne jamais oublier cet instant.

- C'est magnifique, dit une voix venant de juste derrière moi.

Je reconnais immédiatement cette voix qui m'avait manquée. Je me tourne pour le regarder. Rayane avance doucement en regardant ce que je regardais il y a moins de quelques secondes : l'horizon. Il a raison, c'est sublime. Il ne porte qu'un bermuda bleu nuit. Je voudrais lui dire quelque chose, mais ma bouche ne peux articuler un mot. Une fois à ma hauteur, il baisse la tête pour me regarder. Ses yeux me font immédiatement chavirer. Quand aux miens, ils divaguent sur sa bouche et je peux presque ressentir la chaleur de ses lèvres sur les miennes, comme dans mes souvenirs. Cela ne dure pas longtemps puisque une douleur se fait ressentir en moi. Je tourne alors la tête vers la mer. Je l'entends s'asseoir à mon côté droit mais garde mes yeux rivés sur l'océan et le soleil. Aucun de nous ne prononce un seul mot durant plusieurs minutes. Ce silence est long mais je le préfère aux paroles qui briseraient ce calme si somptueux.

Au bout d'un moment, le silence devient assourdissant. Il semble penser comme moi et se dandine légèrement sur place, mal à l'aise. Rien ne veut sortir de ma bouche et, de toute façon, je ne sais pas ce que je pourrais en faire sortir. Je me tante à le regarder. Mon mouvement de tête l'alarme et il fait de même. Nous nous retrouvons côte à côte à nous regarder droit dans les yeux. Ma respiration accélère doucement. C'est lui qui rompt le contact entre nos regards pour pouvoir dire lentement :

- Tu devrais aller porter plainte.

Je ne comprends pas et fronce le sourcils. 

- Contre ton professeur, continu-t-il. Tu devrais aller porter plainte contre lui.

Je reste ahurie face à ses paroles. Évidemment que j'y ai déjà pensé. Mais si je n'arrive pas à le dire à une psy alors qu'elle est là pour m'écouter et qu'elle saurait me consoler, comment pourrais-je le dire à un officier ? Il ne m'a même pas violé. Quel peine recevra-t-il pour m'avoir simplement touché ? Est-ce que l'on me croirai alors qu'il parait si gentil et que la plupart de ses élèves l'adore ? Lorsqu'il saura que j'ai porté plainte, ne voudra-t-il pas se venger ? Dans ce cas, que me fera-t-il ? Toutes ses questions se bousculent et pourtant aucune n'a de réponse.