∞ Chapitre 32 ∞

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- Tu as rendez-vous avec le Docteur Belmon ce soir, m'annonce Maman alors que je rentre de cours. 

- Déjà ? 

J'aurais aimé que ce soit dans plus longtemps. La visite de Rayane hier soir m'a vraiment redonnée le sourire et je n'ai pas envie de le perdre en ressassant ce cauchemar-souvenir douloureux. D'ailleurs, j'ai dormis comme une souche la nuit dernière. 

Une fois que le film s'est finit, nous avons parlé un moment dans le lit. Je suis restée blotti dans ses bras pendant des dizaines de minutes sans aucune gêne. Même si je ne cessais de réfléchir à ce que je devais faire ou non, je ne me suis pas pris la tête et ai fait ce que mon corps me disait de faire. Cependant, Rayane, je pouvais deviner qu'il n'était pas impressionné du tout. Je suppose qu'avoir une fille dans son lit ne lui est pas inhabituel. Quelque part, ça m'énerve, mais je sais que je ne suis pas ce genre de fille. Je ne suis pas le genre de fille avec qui il traîne normalement, je le sais. Et il me l'a dit. Mais selon lui, je suis mieux. Je n'en suis pas convaincue même s'il me dit que sa bande d'amis est très "fausse" et que la plupart d'entre eux se font une image, ne sont pas eux-même. Il m'a même dit qu'il n'était pas vraiment lui-même en leur présence. Une petite partie de moi veut penser qu'il est vraiment lui avec moi, que je le fais sentir lui-même. Mais j'ai peur de me faire de fausses idées, ce qui est sûrement le cas. Ensuite, sa mère et lui sont partis et je me suis endormie paisiblement, me réveillant qu'au son de mon réveil.

- ... et du coup tu as pu prendre sa place.

- Quoi ? réagis-je que je n'écoutais plus Maman, trop absorbée dans mes pensées.

- Mais tu m'écoute ou pas Alice ? Je t'ai dis que j'ai appelé son cabinet ce matin. La secrétaire m'a dit qu'elle n'avait pas de place avant au moins deux semaines. Cependant, elle m'a rappelée il y a une heure pour me dire qu'une patiente a annulé son rendez-vous de ce soir et que tu pouvais prendre sa place. 

- D'accord. A quelle heure ?

- Dans trente-cinq minutes.

J'hoche la tête. Je n'ai pas envie de lui faire perdre de l'argent encore. Les séances chez le psy ne sont pas gratuites, loin de là, et je sais que la somme dépensée pour mes nombreuses séances commence à s'épaissir. Nous n'avons pas de problèmes d'argent, mais je n'aime pas le fait que je le gaspille. Je sais très bien de quoi je rêve la nuit, je sais très bien que c'est un souvenir, je sais très bien que ces images ne quitterons jamais mon esprit, et ce, peu importe ce que je pourrais entreprendre de faire. Alors je ne peux que penser que ça ne sert à rien à part à nous faire perdre de l'argent inutilement. Cependant, je sais que c'est ce qui rassure Maman, et c'est tout ce que je souhaite faire.

J'ai tout juste de temps de prendre un chocolat chaud avec des gâteaux avant qu'il me faille déjà repartir. Nous arrivons cinq minutes en avance, comme d'habitude, au cabinet du Dr. Belmon. Maman, et moi  je dois l'avouer, n'aimons pas être en retard ni même arriver juste à l'heure. 

Nous patientons donc dans la salle d'attente assez agréable. Les fauteuils sont un peu moelleux et ça me rassure toujours de savoir que Maman est bien installée durant chaque séance. Elle prend un magazine et est heureuse de ne pas l'avoir déjà lu. Pendant un moment, je venais chaque semaine, et Maman relisait les mêmes magazines chaque semaine. Elle pourrait très bien amener son propre livre, mais je sais qu'elle n'arriverait pas à se concentrer tant elle imagine ce qu'il se passe de l'autre côté de cette porte.

La porte de la salle de consultation est à quelques mètres, mais jamais nous n'entendons les personnes à l'intérieur parler. Si, parfois, des cris nous parviennent, et je sais que ça effraye Maman, alors j'essaye de faire comme si nous ne les entendions pas. 

L'impossible Infini ∞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant