∞ Chapitre 38 ∞

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- J'ai pas envie d'en parler.

- Okay, comme tu voudras Rayane. Mais bon... avec tout ce que je t'ai confié je pensais que...

Je fais exprès de le rendre mal à l'aise. Pour une fois que c'est à lui de se sentir mal.

- Que quoi ?

- Que tu me le dirais.

Je ne le regarde pas, de peur de trahir mon plaisir à le malmener. C'est vrai que j'aurais aimé qu'il me dise la signification de son unique tatouage, mais ce n'est pas pour autant que je vais me vexer s'il n'en a pas envie.

- Sérieux ?

Ses sourcils élevés prouvent qu'il ne s'attendait pas à ça de ma part. Il a raison je n'oserais pas le "forcer" à me dire des choses personnelles. C'est pour cela que je ne peux garder mon sérieux plus longtemps. Mon rire le plonge dans une incompréhension totale.

- Non, je rigole. Ce n'est pas grave si tu ne veux pas me le dire.

- Tu en es sûre ? insiste-t-il. Car tu m'avais l'air sérieuse.

- Oui j'en suis sûre.

Il penche à nouveau sa tête sur son exercice de mathématiques. Je le vois commencer une équation qui, j'en suis persuadée, ne fonctionnera pas.

- Ça ne marchera pas.

- Comment tu peux le savoir ?

- Tout d'abord parce que tu t'es trompé, cette équation n'a aucun rapport avec l'exercice, et ensuite parce que ce que tu tentes de faire n'aboutira pas à la résolution du problème.

- Okay, j'abandonne.

Alors que je pars dans une longue explication dont je sais qu'il ne cherche même plus à comprendre, il m'interrompt :

- Tu veux vraiment savoir ?

Je tourne ma tête pour lui faire face. Il est on-ne-peut-plus sérieux.

- Pour ton tatouage ? demande-je alors que je sais pertinemment de quoi il parle.

Il me répond positivement et relève le tissu blanc de l'intérieur de son bras pour que j'aperçois cette fameuse trace noir indélébile. Chaque fois il me parait plus étonnant. Ce petit oiseau si triste auprès de sa mère... tandis qu'un autre oiseau part en volant sans l'hombre d'un regret.

- Donnes-moi ton hypothèse.

Ses yeux attendent une réponse.

- Heu... Je pense que le petit oiseau te représente. Sa mère doit être la tienne et l'oiseau s'éloignant doit être heu... ton père ?

Après avoir prononcé le dernier mot je me sens mal. Il ne parle jamais de son père. Jamais. La dernière fois que je l'ai évoqué en ouvrant un vieil album photo il s'était braqué sur lui-même. J'ai peur de sa réaction face à ma suggestion tandis que l'image de son père, grand et heureux derrière Catherine et Rayane me revient en mémoire.

- Tu as raison, dit-il en ne lâchant pas cette image noir gravée pour toujours sur sa peau.

Finalement, les rôles sont toujours les même, je me sens gênée par ce qui va suivre.

- Je ne t'ai jamais parlé de mon père. En réalité, j'essaie de ne plus y penser.

J'avale difficilement ma salive dans l'attente de la suite.

- Que penses-tu de lui ?

Sa question me surprend et je ne sais pas si j'arriverai à y répondre. Je ne peux tout de même pas lui dire ce que je pense. Je ne peux pas lui dire que je le pense soit mort -ce qui serait horrible- soit très loin.

L'impossible Infini ∞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant