∞ Chapitre 34 ∞

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Il me hâte d'être cet après-midi. Rayane a déménagé il y a deux jours mais nous n'avons pas trouvé le temps de se voir une seule fois. Mais maintenant que tous ses meubles sont installés dans sa nouvelle maison et qu'il y habite vraiment depuis hier soir, il est obligatoire que nous nous voyons.

Je voulais lui présenter mes amis vu que nous sommes Samedi et que tout le monde est libre mais il a refusé malgré qu'il reprenne l'école lundi matin et qu'il ne connait personne excepté moi. Je me demande si c'est parce qu'il ne veut pas traîner avec moi.

J'entends Maman monter les escaliers et sais qu'elle va venir dans ma chambre. Comme je m'y attendais, j'entends frapper à ma porte quelques secondes plus tard. Une fois entrée, elle me regarde bizarrement. Je sens qu'une conversation sérieuse approche. Je n'ai aucune idée à propos de quoi elle va être mais je ne veux pas l'entendre. La plupart du temps l'expression qu'elle a en ce moment donne suite à des sujets comme les garçons, l'alcool ou bien d'autre choses du même genre. Je déteste quand c'est le cas. Et je sais que dans ces moments-là elle est tout aussi gênée que moi, alors pourquoi se tanne-t-elle à m'en parler ? 

Je repense alors à la dernière fois qu'elle avait cette expression. Papy... Quand Papy Lucien est mort, elle est venue me parler d'un tas de choses étranges sur lui et sur l'endroit où il était peut-être. Tout ce que je pensais à ce moment c'était qu'elle n'avait aucune idée d'où il était et que peut-être il n'était pas dans un endroit sûr, calme où il est heureux et en paix. Elle ne peut pas le savoir, personne ne peut le savoir. J'étais en quelque sorte énervée contre elle lorsqu'elle me disait qu'il était bien et qu'il ne souffrait plus. Elle n'en avait pas la moindre idée. "Peut-être qu'il est malheureux et qu'il a plus mal que jamais" me disais-je. Cependant, je me contentais d'hocher la tête et de faire comme si elle m'avait convaincue et que je me sentais mieux après cela, ce qui était loin d'être le cas, car tout ce dont je me souciait, c'était de son bien. 

- Je sais que tu es très proche de Rayane... et je me demande si...

Non. "S'il te plaît non" implore-je dans ma tête. Une boule apparaît dans ma gorge et j'ai du mal à avaler ma salive.

- Tu sais, finit-elle par dire;

Elle est gênée de me parler de ça, ça se remarque car elle ne veux croiser mon regard.

- Non, je ne sais pas.

Elle me regarde en face soudainement et je suis alors sans voix.

- Tu me le dirais si c'était ton copain ? 

J'ouvre de grands yeux ébahies. Alors ça, c'est direct. 

- O-oui.

- Mais je vais te dire, en tant que devoir de Maman, de ne pas aller trop vite avec lui.

Oh non... Je pense que c'est vraiment la première fois qu'on parle aussi sérieusement de garçon, et le fait qu'elle ne m'ait pas cru à propos qu'il ne soit pas mon copain ne me rend que plus nerveuse.

- Maman... Je t'assure que ce n'est pas mon copain alors on ne peut pas aller trop vite.

- Oh... Je pensais que... que tu n'osais pas me le dire. Tu peux me le dire tu sais. Mais je te mets quand même en garde, car même si je le trouve tout à fait gentil, s'il te fait du mal...

Ce genre de sous-entendus sont très étranges.

- C'est Papa qui t'as dit de me dire ça ? 

Je vois à son visage que c'est le cas. C'est exactement le genre de chose que mon père pense très fort mais dont il n'ose jamais m'en parler. Ça me met en colère. Il ne devrait pas faire venir Maman pour parler de ce genre de choses qui le préoccupent tant que ça. Ce sont des conversations que je ne souhaiterais jamais avoir avec aucun de mes parents, mais sans vraiment réfléchir, sous le coup de la colère, je lui dis, sans penser à respirer au milieu de ma déclaration :

L'impossible Infini ∞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant