La Lune de Miel (HB tome 4)

20

Il y eut un court silence.

─ C'est un problème ? demanda Alessio, fronçant les sourcils. Tu descends toujours chez ton père quand tu es à Paris, non ?

─ Oui, bien sûr, fis-je, un peu mal à l'aise. C'est juste que... je ne comprends pas pourquoi tu dis qu'on va vivre là-bas.

─ Ben... quand j'ai demandé ta main à ton père, on a discuté. Il sait que j'avais un contrat avec les Lurier et que du coup j'ai du le rompre en quittant Chloé.

Je me tus, les oreilles bourdonnant, attendant la suite.

─ Je l'ai rassuré en lui expliquant que j'avais déjà retrouvé un boulot, dit Alessio, que je m'occuperais de toi, que tu manquerais de rien. Dani, je pensais à t'épouser depuis longtemps mais JAMAIS je serais allé lui parler mariage sans un nouveau boulot. Je respecte ton père, tu sais.

─ Oui, je sais, Querido.

─ Il m'a dit qu'il me faisait confiance, et qu'il était très content qu'on se marie. Que si ça pouvait aider, il serait ravi qu'on vive chez lui au début, le temps de se retourner. J'ai dit oui.

J'en restai bouche bée, plusieurs secondes.

─ T'as accepté ?! Et... tu comptais m'en parler un jour ?!

Alessio me considéra, surpris par le ton indigné de ma voix.

─ Je t'en parle là. On n'a pas vraiment eu le temps de discuter, depuis le mariage...

Je me redressai bien droite dans le hamac, furieuse tout à coup.

─ Donc, si j'ai bien compris, Papa et toi vous êtes mis d'accord sur notre lieu de chute, sans me consulter...

─ Mais non. C'est pas comme ça. Ton père ne t'a rien dit parce que je n'avais pas encore fait ma demande. Et de toute façon ce n'était pas à lui de t'en parler, mais à moi. C'est quoi le problème Dani ?

─ Ca ne me plaît pas trop que vous preniez des décisions pareilles, Papa et toi. Je... Je suis ta femme, c'est plutôt avec moi que tu dois en discuter.

─ Mais ça changerait quoi ?

─ J'ai pas envie qu'on aille chez mon père.

─ Pourquoi ?

Je fixais Alessio, incrédule.

─ Comment, pourquoi ? On vient de se marier.

─ Mais Dani, on doit être Paris à la fin de ce voyage. On n'a pas encore d'appart'. Ton père vit tout seul dans sa maison, il me propose... je pensais que tu serais contente, ça arrange tout le monde. Tu aurais vraiment préféré qu'on aille à l'hôtel pendant des semaines ?

─ ... je ne sais pas. Oui, peut-être.

J'étais en colère. Je croisai les bras sur ma poitrine.

─ On n'y restera pas longtemps, chez ton père. Juste un mois.

─ Un mois !! m'exclamai-je, tombant des nues.

─ Ben, oui. J'ai besoin de mon premier salaire pour qu'on puisse se payer un appartement.

Hein ??

─ Pas du tout, Alessio. Je te rappelle que j'ai accepté l'offre de Fräulein Hadler et j'ai mes revenus de Guiomar. Je peux payer un loyer... on est pas obligé d'aller chez Papa et encore moins d'y rester un mois. Qu'est-ce que t'en dis ?

La mâchoire d'Alessio se contracta.

─ Merci, Dani, mais... c'est hors de question.

─ « Hors de question » ? répétai-je, soufflée. Carrément ! Pourquoi ?