La Lune de Miel (HB tome 4)

5

─ Qu'est-ce que vous foutiez ? demanda Papa alors qu'on grimpait dans la voiture.

─ Un brin de toilette, répondit Alessio en toute franchise.

Papa mit le cap vers le centre commercial du département. Cette fois, Alessio s'était spontanément assis près de moi, ce qui m'avait fait immensément plaisir. Je n'étais pas certaine que ce soit bien de tout le temps vouloir être avec lui, mais j'en avais envie. Je l'embrassai de nouveau sur la joue, très près des lèvres. Je n'allais pas l'embrasser à pleine bouche devant mon père mais j'avais quand même envie d'être proche de lui. Alessio prit ma main dans la sienne et se mit à jouer avec mon alliance, la faisant tourner autour de mon doigt.

─ Au fait, Alessio, ton père m'a parlé. Il n'est pas content.

─ Ah ? fit Alessio, l'air gêné. Heu, Tom Tom, attends un peu...

─ Je suis vraiment désolé que ta mère réagisse ainsi. Ne plus vouloir te voir, c'est terrible !

Ma mâchoire se décrocha, j'ouvris de grands yeux. Lentement, je retirai ma main de celle d'Alessio.
Mon cœur battait la chamade. Alessio me fixa, puis se passa les deux mains sur le visage.

─ Thomaaaas, siffla-t-il entre ses dents. T'as gaffé !

─ Quoi ? fit Papa, sourcils froncés.

─ QUOI ? répétai-je, le ton menaçant. Comment ça, Sophie ne veut plus te voir ?!

Alessio essaya de reprendre ma main, mais je la lui arrachai en le fusillant des yeux.

─ Oui, bon. Elle ne veut plus me voir, c'est tout, marmonna Alessio. C'est comme ça. Ces trucs, ça arrive pas qu'aux autres, j'imagine.

─ C'est honteux, reprit Papa en tapotant le volant de ses indexes. Une honte, vraiment. Son fils unique ! J'espère qu'elle reviendra à la raison, même si les femmes sont parfois totalement illogiques, agitées et incohérentes, comme chacun sait...

─ Mon Dieu, Papa, commentai-je, mortifiée.

Alessio haussa les épaules. Il avait l'air abattu.

─ Ma mère est très têtue, alors, heu... j'essaie de ne pas trop y compter. Ca m'étonnerait qu'elle s'excuse ou quoi.

─ Ne t'inquiète pas, Alessio, mon garçon ! Elle ne pourra pas tenir bien longtemps sans te voir. M'enfin, c'est ta mère.

─ Ca fait déjà deux semaines, confia Alessio, l'air préoccupé. On est jamais resté aussi longtemps sans... se parler. Même quand j'étais au Japon, je lui envoyais des messages pour la rassurer. Et elle me répondait, alors qu'elle m'en voulait à mort -mais vraiment, hein- d'avoir annulé le mariage avec Chloé. Enfin, bref, je... ouais, voilà, elle ne veut plus rien avoir à faire avec moi... ou Dani, forcément.

─ Je suis désolé, répéta Papa, le visage fermé. C'est dur.

J'écoutais leur conversation, silencieuse, troublée. Je n'en croyais pour ainsi dire pas mes oreilles. Etait-ce d'entendre enfin Alessio parler de ce qui le turlupinait ? Etait-ce la nouvelle elle-même ? Sa mère ne voulait plus le voir. Tout ça parce qu'il m'avait épousée, moi, et pas Chloé. Carrément ! Je respirais par à coups.

─ Je sais, oui. Ca craint. Je ne comprends pas ce qu'elle vous reproche, à tous les deux. Vous vous aimez depuis toujours, on le savait tous, elle comprise. Vous faites un superbe couple.

─ Merci, dit Alessio avec un faible sourire. De comprendre, je veux dire. Pourquoi j'ai choisi Dani.

─ Evidemment que je comprends. C'est ma fille. Bien sûr, dit Papa en me jetant un œil depuis le rétroviseur, tu n'es pas la créature la plus facile à aimer, ma petite chatte, mais tu es sensée et débrouillarde, et tu as un grand cœur. Je suis déçu qu'elle ne te laisse pas ta chance.