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Depuis le parking extérieur du centre commercial, je suivis les garçons, traînant derrière eux, les mains dans les poches de ma veste.

J'étais contrariée contrariée contrariée.

Et eux discutaient tranquillement.

_ ... ses couleurs vibrantes et ses formes flottantes sont incroyables. C'est comme s'il peignait avec son âme, disait Papa.

_ Oui, c'est vrai, approuva Alessio en hochant la tête. Et ses peintures reflètent toujours un mélange de joie et de mélancolie. C'est ce qui les rend si uniques. Je suis vraiment excité de voir l'exposition ce week-end.

_ Moi aussi !

Alessio me jetait de fréquents coups d'œil, pour voir si je les suivais bien. Eh bien, il pouvait s'en abstenir. Je n'allais pas faire demi-tour en courant comme une voleuse !

A l'intérieur, il faisait agréablement chaud. On approchait des fêtes de fin d'année et, même un midi de semaine, il y avait beaucoup de monde.

Papa et Alessio m'attendaient de l'autre côté des portes vitrées séparant la galerie marchande de la zone de restauration. Une fille me dépassa en marchant très vite malgré ses talons hauts. Longs cheveux bruns, petite veste en fausse fourrure blanche, jupe moulante. Elle avait plusieurs sacs. Je la vis regarder Alessio à travers la vitre, les yeux écarquillés. Elle aimait ce qu'elle voyait, la gueuse. Alessio leva le nez de son téléphone à cette seconde précise, la repéra et lui ouvrit galamment la porte.

─ Merci, entendis-je la fille lui lancer, un peu à bout de souffle. C'est adorable.

─ De rien.

Elle s'éloigna non sans le regarder par dessus son épaule. Alessio lui retourna un sourire, et le rouge me monta aux joues. Il était aveugle, ou quoi ? Elle avait mis beaucoup trop de rouge à lèvres, on aurait dit un clown avec sa grande bouche ! J'accélérai le pas pour passer la porte à mon tour et assassinai Alessio du regard. Au lieu de prendre l'air penaud qui s'imposait selon moi, il leva les yeux au ciel.

─ Oh là là, si un regard pouvait tuer, je serais déjà mort, la bave aux lèvres.

─ Ca t'amuse !

─ Oui. J'adore quand t'es jalouse, ça me fait craquer.

─ Je devrais me réjouir de voir mon mec jouer les chevaliers servants avec d'autres femmes ?

─ Elle était chargée, c'était juste de la politesse.

─ Elle était surtout pile ton style, avoue-le. Super brune, bouche pulpeuse, échasses en guise de jambes. On sait.

L'espace d'une seconde, je fixai mes baskets noires avec irritation. Je regrettais d'être vêtue d'un bête legging et d'un pull trop grand, moi qui aimais tant être coquette, SURTOUT devant Alessio. Sauf que je venais de traverser le putain d'océan Atlantique de part en part dans la nuit, voyez. Pour l'amour du Ciel ! J'avais bien le droit de porter un truc confortable !

─ C'est toi qui es pile mon style, corrigea Alessio, enfonçant affectueusement le doigt dans ma joue. J'avais pas de style avant de te rencontrer ! T'as oublié, ou quoi ?

Il m'ébouriffa les cheveux tandis que je me renfrognais. Je n'avais évidemment pas oublié, mais là, ça me gonflait, ces conneries. Alessio me prit dans ses bras et posa le menton sur mon épaule.

─ Tu es la plus belle créature qui soit, ma Dani. Je ne te l'ai pas encore dit, aujourd'hui ?

─ Si, admis-je, de mauvais poil. A l'aéroport.

La Lune de Miel (HB tome 4)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant