La Lune de Miel (HB tome 4)

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Après le boulot, je retrouvai Antoine à la sortie du métro. Le soulagement passa fugacement sur son visage rond.

─ T'es venu.

Sa remarque me perturba au plus haut point.

─ Evidemment. Tu pensais que j'allais te poser un lapin, ou quoi ? Tu sais que c'est pas mon genre.

─ Franchement, parfois, je n'ai plus l'impression de te connaître tant que ça, admit Antoine en regardant ailleurs.

Je m'en voulus de nouveau de l'avoir négligé ces derniers temps. Notre relation s'était plus dégradée que je ne le pensais.

─ Bref, oui, je suis là. Allons-y.

─ La salle, ça me stresse, m'expliqua Antoine alors qu'on bravait la pluie verglacée pour remonter la rue. C'est pas la première fois que j'essaie, mais j'arrive pas à être régulier.

─ Ca arrive à tout le monde. Mais si t'es vraiment motivé, tu trouveras l'énergie d'y aller comme il faut.

─ C'est pas vraiment ça... (Il hésita) Tu comprends, un avorton comme moi. J'ai pas l'air crédible parmi tous ces mecs super bien taillés.

─ Antoine, tu te dévalorises tellement... c'est lourd, sérieux.

Antoine ne répondit pas tout de suite.

─ Tout le monde ne peut pas être attirant comme toi, Alessio, et avoir toutes les filles à ses pieds. Certains d'entre nous doivent faire des efforts. Ca tombe pas tout cuit, tu vois.

─ Dis donc... tu crois que j'en fais pas, du sport, moi ? Tu sais quoi, je vais m'inscrire aussi. Dani nous cuisine de ces trucs à son père et moi, si je fais pas attention, j'aurai du bide en moins de deux.

─ Tu vois, grommela Antoine. Même obèse, tu serais pas à plaindre, avec ta femme magnifique et ton beau-père qui t'aime comme un fils.

─ Dani est magnifique, ça ne veut pas dire que tout est facile avec elle. Quant à Thomas... on s'entend bien, c'est vrai, mais justement, Dani, ça la saoule. Je crois qu'elle a l'impression que je passe pas assez de temps avec elle. Et ça, ça me saoule, moi. Comprends-moi bien, Dani, c'est ma priorité, mais... j'ai besoin de faire d'autres trucs, aussi.

Je fus surpris d'entendre ces mots sortir de ma bouche. Puis soudain, tout fit sens. Notamment le plaisir coupable que j'avais pris le week-end précédent à traîner au bar avec Thomas et Martial.

─ Je suis sorti l'autre soir. J'ai pas bougé de la semaine pratiquement. J'étais à la maison tous les soirs quand elle est rentrée du boulot. Ben tu sais quoi ? Dani était fâchée quand je suis rentré ! Une autre fois, c'est parce que je jouais avec son père au lieu de, ben... être avec elle. Et j'ai ressenti... un sentiment d'injustice. Je te raconte ça, Antoine, j'ai dit ça à personne, hein. Je te fais une faveur, là. Dans le sens que je ne comptais pas parler de ça à qui que ce soit.

Antoine semblait intéressé maintenant qu'il comprenait que tout n'était pas rose pour moi.

─ Dani t'a crié dessus ?

─ Mais non, mais elle boudait, et... ça m'a saoulé, avouai-je.

Je ne me sentais pas coupable d'être sorti avec les mecs...

Mais probablement que le fait d'avoir passé une petite heure avec Chloé sans le dire à Dani ne me faisait pas ressentir la même chose.

La ramener c'était une chose, ne pas en parler à Dani en était une autre.