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Le salon bruissait de conversations joyeuses et de rires enjoués tandis que les garçons montaient les meubles en engloutissant le déjeuner froid que je leur avais préparé de chez Papa. J'avais fait des sandwiches au jambon et à la tomate et une tarte aux pommes. J'avais aussi apporté des thermos de café.

La cuisine était encombrée de cartons qui débordaient de vaisselle et de casseroles flambant neufs, que j'avais achetés les jours précédents. J'étais en train de ranger le placard sous l'évier lorsque Magali me rejoignit, l'air éteint.

─ Ca va ? fis-je, sourcils froncés. Je te trouve une petite mine.

─ Non. Faut vraiment que je te parle.

─ J'allais faire des courses, dis-je, refermant un placard. Tu veux m'accompagner ?

Elle hocha vivement la tête.

─ D'accord, allons-y alors.

On rejoignit Alessio, à genoux sur le tapis du salon, en train de visser une plaque en bois du meuble télé, me sembla-t-il, tout en discutant avec animation avec Jules et Papa.

─ Hé ! Ca avance bien, dis donc.

─ T'inquiète Dani, tout ça sera prêt très bientôt, me promit Jules, faisant tournoyer son tournevis.

─ Ca va, Papa ?

─ Très bien, ma petite chatte.

─ Super. Je vais faire des courses avec Magali, à tout à l'heure, dis-je à Alessio, et je l'embrassai sur la joue.

─ D'accord, reviens vite.

Dans la voiture, je vis que Magali était soucieuse, mais je ne la forçai pas à parler. On discuta de choses et d'autres sur la route du centre commercial.

─ Il te faut quoi ? demanda-t-elle.

─ Des couverts, des verres. Et les courses alimentaires, vu que, ce soir, on passe notre première nuit à l'appartement.

─ Tu as l'air radieuse.

─ Je le suis.

─ Je suis vraiment contente pour toi, Dani. Après tout ce temps !

Et de soupirer à n'en plus finir.

─ Tu veux en parler maintenant ? demandai-je alors qu'on errait dans les rayons cuisine du supermarché.

Magali haussa les épaules, l'air blasé.

─ Tu ressens quoi, quand t'embrasses Alessio ? C'est comme mettre les doigts dans une prise électrique ?

J'hésitai avant de répondre.

─ Oui et non, fis-je, examinant une tasse d'un jaune soutenu. Oui, parce que c'est lui, mais non, parce qu'on se connait depuis très longtemps et que tout ça, les frissons du début, c'est loin maintenant. Je ne recherche pas ça quand il m'embrasse... mais ce sentiment de sécurité, d'être à ma place... c'est confortable, rassurant, et ça me rend heureuse.

─ Mais il te fait de l'effet quand même, insista Magali. Je veux dire, il te touche, tu grimpes aux rideaux, quoi !

L'expression me fit rire. Je lui souris. Elle comprit et roula des yeux.

Ca, oui, pas de doute, Alessio me faisait « grimper aux rideaux ».

─ On se connait très bien, répétai-je. Rien de magique là-dessous. Et puis je suis folle de lui, voilà. Ne va pas lui répéter ça, hein !

Magali rit.

─ Pourquoi ?

─ Parce que tant qu'il l'ignore, il fera tout ce qu'il pourra pour m'impressionner et on continuera d'être très heureux, plaisantai-je.

La Lune de Miel (HB tome 4)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant