La Lune de Miel (HB tome 4)

25

Alessio

Deux jours plus tard après le travail, je remontais la rue vers le bout de trottoir où j'avais garé la moto, quand mon téléphone se mit à sonner.

« CLOCHETTE »

Je fixai l'écran un instant, figé en pleine rue. Puis je me résignai. Je n'allais pas pouvoir l'éviter indéfiniment.

─ Alessio ? fit la voix douce et calme de Chloé quand je décrochai. C'est Clochette.

─ Je sais que c'est toi, Clochette. J'ai toujours ton numéro.

─ Oh... Salut... tu vas bien ?

─ Ouais. Et toi ?

─ Ecoute, ça va. Je ne veux pas te déranger...

─ Mais non, j'aurais pas répondu sinon.

Court silence.

─ Je n'aime pas la façon dont je me suis comportée avec toi, l'autre jour. Je... je n'étais pas dans un bon jour. J'étais très en colère.

Elle eut un rire embarrassé qui me fit de la peine.

─ Non, c'est bon. Je comprends.

─ Est-ce que par hasard tu serais libre, là ? Ca me ferait plaisir qu'on se voie.

Je me passai la main sur le front.

─ Tu es chez toi, Chloé ?

─ Non, je sors de chez Bérangère.

Elle était rue de l'Arrivée, moi tout près de Saint Michel. On convint de se retrouver au parc du Luxembourg qui était entre nos deux emplacements.

Il ne me fallut que quelques minutes pour arriver. Le temps était couvert, il allait neiger, je crois. Je repérai tout de suite Chloé. Elle m'attendait à l'entrée du Luco dans une veste rouge qui m'était familière. Elle se frottait les bras, l'air perdue dans ses pensées.

Je fronçai les sourcils et m'approchai d'elle.

─ Je connais cette veste et elle est fine, pour la saison, non ? T'as pas d'écharpe ?

Elle sursauta en me découvrant sous son nez. Je lui frottai énergiquement le dos, et elle me sourit, yeux bleus rivés sur moi.

─ Toujours si attentionné.

─ Marchons, dis-je en dénouant mon écharpe pour l'enrouler autour de son cou gracile. Ca te tiendra plus chaud que rester plantés là.

─ Merci, Alessio.

On se mit à marcher le long d'une allée. Des gosses se jetaient un frisbee malgré le froid, un couple se papouillait sur un banc. Je ne dis rien lorsque Chloé glissa sa main autour de mon bras.

─ Alors, tu voulais me dire quoi ? finis-je par lui demander.

Je l'entendis prendre une inspiration.

─ Je... j'aimerais beaucoup qu'on reste en contact.

─ Ah.

─ Je sais que certains exes arrivent à avoir des relations cordiales et j'aimerais ça pour nous. Plutôt que ce qui s'est passé l'autre jour. Qu'est-ce que tu en penses ?

Elle me regardait d'un air plein d'espoir. Ses cheveux blonds étaient tirés en arrière, attachés en chignon bas sur la nuque. Ca lui allait bien, ça lui donnait un air grave, délicat.

─ Eh bien... quitte à choisir, je préfèrerais qu'on soit en bons termes, bien sûr. Et peut-être qu'un jour, ce sera possible.

─ Un jour ? releva aussitôt Chloé, sourcils froncés. Pourquoi pas maintenant ?