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On resta un bon moment à boire et à discuter, puis Martial partit de son côté.

─ Je n'arrive pas à croire que ce bon vieux Martial me quitte, murmura Thomas alors qu'on remontait la rue dans la nuit glaciale.

Il était 23 heures passées.

─ Il ne te quitte pas. Il part juste un an. Et je trouve que c'est une super idée et que ça lui va bien.

─ Mouais... il se nourrit d'illusions. La vie n'est pas plus belle de l'autre côté du globe. J'ai vécu mes plus belles années au Brésil avec... Bruna... et tout ça pour quoi aujourd'hui ?

Thomas semblait songeur. Généralement, lorsqu'il avait bu, il se mettait à parler de Bruna. Ce n'était pas toujours beau à voir.

─ Elle est heureuse avec ce type. Ce Juan. Tu l'as vu comme moi à ton mariage, non ?

─ Elle a l'air, oui.

Thomas grommela un juron.

─ Ca fait cinq ans qu'on est ami et tu ne sais toujours pas quand me mentir, Alessio ?

─ Aie.

─ C'est mal, que je souhaite qu'il la largue ? Et de pouvoir être là pour la consoler ?

─ Non. C'est juste humain.

Thomas hocha la tête.

─ Bruna me manque. TELLEMENT.

─ Je comprends, Thomas. Je sais.

Sa main s'abattit lourdement sur mon épaule.

─ Fiston, j'ai vécu mes plus belles années auprès de cette femme. Ma femme.

─ ... y'a aussi eu des galères, non ? Elle t'a fait souffrir.

Thomas fronça les sourcils.

─ Bien dit. Bref. Je suis heureux pour toi et Dani. Au moins un de nous deux qui a eu son happy end... !

─ Arrête. Comment ça se passe avec Maud ?

Sa copine depuis près d'un an.

─ Je l'aime bien, elle est douce et c'est une jolie plante, mais bon, tu vois bien qu'on ne vit pas ensemble et que je suis là à te parler de mon ex-femme...

Gros soupir. Je le secouai un peu.

─ Allez, Thomas. Ressaisis-toi. Je sais que c'est pas évident...

─ J'ai envie de l'appeler, m'interrompit Thomas, et il sortit son téléphone de sa poche.

Je l'y remis d'un geste sec.

─ Tu as bu. Oublie. Et elle a un mec, tu viens de le dire.

Thomas me faisait tellement penser à moi cet été à la Terrasse, en pleine descente dans le versant du soleil, que j'en eus la nausée. Il me considéra de ses yeux un peu vitreux et, brusquement, me donna une claque dans le dos qui faillit m'envoyer par terre.

─ Tu es un bon garçon, mon garçon. Vraiment. Je suis reconnaissant que tu aies épousé ma fille.

On finit le trajet en silence.

La maison était silencieuse. Dani avait laissé une lampe allumée dans le salon, pour nous accueillir, je suppose.

─ Allez, au lit, bailla Thomas. Tu commences à quelle heure, demain, déjà ?

─ Classique. Neuf heures.

─ Tu veux la voiture ?

─ Non, merci, tu en as besoin aussi. Je vais prendre les transports. Bonne nuit, beau papa.

La Lune de Miel (HB tome 4)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant