La Lune de Miel (HB tome 4)

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Daniela

L'escalator du métro était en panne.

Je descendis les escaliers en me tenant à la rampe, à cause de mes talons hauts. Sur le quai, il y avait d'autres filles en tenue de soirée. On était jeudi soir, j'étais loin d'être la seule à sortir.

Durant tout le trajet, je m'efforçai de penser à autre chose qu'à cette énième dispute et j'y parvins. Cependant, en arrivant chez Camille, je me sentis beaucoup mieux.

─ Dani ! s'écria Camille, ravie, et elle me claqua une bise bruyante. Trop contente que t'aies pu venir.

─ Moi aussi. J'avais besoin de changer d'air.

─ T'es au bon endroit ! cria Camille pour que je l'entende. Ca va, quand même ?

L'appartement était plein de monde, la musique forte. Camille s'éloignait déjà, happée par des connaissances. Je me dirigeai vers la cuisine, louvoyant entre les corps qui dansaient.

─ Dani !

Surprise, je fis volte-face. C'était Soraya elle-même. On se considéra l'une l'autre.

─ Camille m'a invitée, précisa-t-elle, l'air presque aussi gêné que moi.

─ Ah..., fis-je.

Camille ne savait pas que Soraya et moi ne nous parlions plus. Peut-être que ça ne l'aurait pas empêchée de nous inviter l'une et l'autre, d'ailleurs. C'était bien son genre, elle se fichait pas mal de ce genre de situation gênante.

Soraya et moi restâmes là à nous fixer un moment.

─ Jolie robe, lâcha Soraya en portant son verre à ses lèvres.

─ Merci.

J'avais à peine regardé ce que j'avais sorti de mon placard, aussi son compliment me fit-il plaisir. Maladroitement, je cherchai quelque chose de sympa à dire aussi.

─ Heu... ouais, j'aime bien comment tu as coiffé tes cheveux.

─ Ouais. C'est cool.

Elle vida la moitié de son verre. Je ressentis une légère inquiétude, malgré moi. Soraya ne tenait pas bien l'alcool. Je compris que, même si je lui en voulais énormément de me juger, je resterais toujours plus ou moins attachée à elle.

─ Je ne te comprends pas, dit Soraya, me regardant fixement. Enfin... t'es heureuse, au moins ? Tout ça... ça valait le coup ?

J'haussai les épaules. Ca valait le coup, mais aujourd'hui n'était pas facile, franchement.

─ Ma belle mère n'est pas ravie, avouai-je.

─ Je ne suis pas étonnée. Pas que tu sois pas cool, mais bon, il devait épouser Chloé, tout était prévu... de quoi elle a eu l'air devant ses parents ?

─ Pas mon problème.

─ En tout cas, je ne vais pas te plaindre. Enfin, c'est pas la mer à boire ! Ca va s'arranger, je parie.

─ C'est pas parti pour, en tout cas.

Soraya rit.

─ Dis donc, dramatise pas. Tu crois que la mère de Julou m'aimait, moi ? Putain !

─ Tu m'as jamais raconté. Tu es si secrète, parfois.

─ Y'a pas grand-chose à dire, hein. Je suis née au Tchad, j'ai les papiers français comme tu sais, mais bon, elle, elle voulait plutôt une fille née en France, du genre, une Bretonne, je sais pas, moi, une Corse ! Bref.