Chapitre 4 : L'Artemic

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Le matin du départ, un fiacre et une charrette avaient été garés devant l'hôtel. Un bagagiste avait été engagé pour descendre et ranger les affaires des deux voyageuses, et Sarya l'aidait tant bien que mal dans sa tâche. En effet, tandis que cette dernière n'avait apporté qu'une valise et un sac de voyage pour ranger ses affaires de dessin, Audrey était la raison principale pour laquelle l'hôtel avait fait appel à une charrette en plus du fiacre. En effet, pour cette longue semaine de voyage, elle avait apporté une malle de vêtements pour toutes ses robes, une autre pour ses chapeaux, un coffret rempli de chaussures et de broches, et enfin une dernière valise pour son matériel de travail, avec ses cahiers de notes, ses encres et ses stylos à plume. Lorsque toutes ses affaires furent soigneusement rangées sur la charrette, Audrey sortit de l'hôtel, habillée d'une chemise blanche et d'une robe bleue. Elle était coiffée d'un canotier en guise de chapeau, sur lequel un léger voile avait été installé pour préserver sa peau du soleil et de l'air marin.

— Tout est prêt ? Parfait, nous allons pouvoir y aller alors.

Sarya descendit de la charrette et s'approcha du fiacre, invitant Audrey à s'y installer en premier avant d'y monter à son tour. Le cocher, voyant que tous ses passagers étaient en place, les conduisit toutes les deux vers le port de la cité. Sarya était habillée d'une chemise blanche, avec une cravate et un gilet bleu marine. Ses manches avaient été retroussées lorsqu'elle avait voulu aider le bagagiste à porter et ranger leurs affaires. On pouvait ressentir l'effort qu'elle avait entrepris en voyant une goutte de sueur couler le long de son front. Audrey le remarqua et lui tendit son mouchoir.

— Tu peux le garder, j'en ai d'autres dans mes valises.

— Il faudra vraiment qu'on parle de tout ce que tu emportes pour les voyages d'affaires.

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

Sarya lui lança un regard inquisiteur.

— Vraiment ? Penses-tu qu'il était nécessaire d'appeler une charrette pour tes affaires ? Ce n'est plus un voyage, mais un déménagement.

— Et comment pourrais-je faire si je n'ai pas toutes mes affaires ?

— Tu pourrais aussi ne prendre que la moitié des vêtements que tu as pris.

— Et comment aurais-je fait s'il avait plu ?

— Tu pourrais aussi porter des vêtements qui ne sont pas faits pour la pluie.

— Hors de question !

— Et tes chapeaux alors ? Tu pourrais ne pas en prendre du tout.

— Quel affront ! Comment pourrais-je me protéger du soleil sans chapeau ?

— Et tes chaussures ? Deux paires suffisent amplement.

— Il est vrai que moi-même j'aurais préféré emporter moins d'affaires, mais avec deux paires seulement, je n'arriverais jamais à accorder mes tenues.

— ... J'ai l'impression que je n'arriverai pas à te faire changer d'avis.

— Non, tu n'y arriveras pas, dit-elle en esquissant un léger sourire malicieux au coin des lèvres. Et puis, j'ai déjà bien diminué le nombre d'affaires que je voulais emmener à cause de Mme Brygsbi.

Sarya imaginait bien cette pauvre vieille dame tenter tant bien que mal d'empêcher sa protégée d'emmener toutes ses affaires et imaginait tous les arguments qu'elle avait dû utiliser pour la convaincre. Intérieurement, elle la remerciait, car il était fort à parier qu'il aurait fallu prendre une seconde charrette pour toutes les affaires d'Audrey sans l'intervention de cette pauvre vieille femme. Lorsqu'elles arrivèrent au port, la première chose qu'elles remarquèrent fut cet imposant navire, un magnifique paquebot, l'un des premiers bateaux à vapeur de la compagnie maritime Blue Steam Line, le quatrième pour être exact. Celui-ci avait trois immenses cheminées crachant leur vapeur, à l'arrière du bateau se trouvaient trois immenses roues à eau. Les personnes qui embarquaient venaient de tout horizon et avaient différents statuts sociaux.

Les Chroniques de Starsia - TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant