Les Chroniques de Starsia - TERMINÉ

Chapitre 3 : L'Enfant Caché

Dans la pièce du temple, le silence planait. Le regard du seigneur et de la prêtresse était passé de l'inquiétude à la pâleur d'avoir été découvert, seule l'enfant ne sembla pas comprendre. C'est alors que la prêtresse s'approcha de ce dernier.

— Ideyn... Allez dans votre chambre, je vous prie.

— Tout de suite Votre Éminence.

L'enfant, comprenant qu'il fallait qu'il obéisse aux ordres de sa mère, et s'en alla sur le champ sans rechigner. La salle se plongea dans un silence morne, la prêtresse sombra dans son fauteuil, joignant ses mains tout contre son visage, cachant ses larmes. Le seigneur Obania posa sa main sur ses épaules pour tenter de la réconforter avant de jeter un regard noir à Audrey.

— Comment... comment avez-vous su pour Ideyn ?

Audrey marqua une longue pause avant de répondre à sa question.

— Pour deux raisons, la première est qu'il vous ressemble, tout simplement.

— ... Quoi ? C'est tout ? Il nous ressemble ? Ne me prenez pas pour un idiot, qui vous l'a dit, qui, je veux des noms ! Hurla le seigneur, rouge de colère.

— Votre Altesse, avec tout le respect que je vous dois, je suis une historiographe. Mon métier est d'observer, et j'ai compris qu'il s'agissait d'un demi-elfe en regardant ses oreilles, elles sont plus petites que celle d'un elfe ordinaire.

— Les oreilles... Évidemment les oreilles... J'aurais dû m'en douter... Les Historiographes sont tellement intelligents qu'ils leur suffisent de voir des oreilles pour comprendre. Dit-il d'un ton ironique. Et en bonne chienne de Starsia que vous êtes, vous aller tout leur répéter pour les consigner dans vos livres d'histoire. De toute manière, vous ne direz rien à personne sinon...

Audrey, qui jusque-là avait gardé son calme, se leva d'un bond de sa chaise, la renversant au passage avant de fusiller froidement du regard le seigneur.

— Sinon quoi ? Vous allez m'éliminer ? Me faire disparaître de la surface de la terre ? J'aimerais bien voir ça.

— Comment osez-vous me prendre de haut, je suis...

— Obania, seigneur des elfes, sixièmes grands souverains d'Hista et des six, vous êtes le premier à avoir transgressé ce protocole millénaire, tout comme votre compagne qui n'avait en aucun cas le droit de donner naissance à un enfant. Auquel cas vos titres et vos terres vous seraient retirés. Sachez que je me suis bien renseigné sur vous, ainsi que sur les lois qui régissent Hista avant de venir ici. De plus, vous avez eu des propos blessants à l'égard de ma collègue, vous avez caché des informations primordiales et pour finir, vous avez eu l'audace de menacer de mort un membre de l'institut historique de Starsia. Sachez au moins ceci Votre Altesse, dans le cas où l'idée de m'éliminer resterait dans votre esprit, sachez que Starsia ne resterait pas sans rien faire. Dans le traité que votre père a signé il y a de cela quatre siècles, l'empire s'est accordé le droit de faire entrer l'ordre de chevalerie impérial dans votre territoire sans votre permission dans le cas où un membre de l'institut disparaîtrait de manière suspecte. Et sachez que si j'ai réussi à découvrir l'existence de votre fils, ils le découvriront plus vite encore.

Obania était sans voix, qu'allait-il faire, sa colère ne s'était toujours pas estompée, c'est alors que la grande prêtresse, silencieuse jusque-là, s'adressa à Audrey, les larmes aux yeux.

— Vous allez tout répéter... N'est-ce pas ?

— ... Oui, j'en ai bien peur.

Une larme coula le long de sa joue, pensant à tout ce qu'elle allait perdre. Cette place de prêtresse qu'elle avait tant convoitée toutes ces années, on allait la lui retirer, ce pouvoir qu'on lui avait accordé, mais surtout son enfant, qu'allait-il arriver à son enfant ?