Chapitre 26 : Un Boucher Observateur

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Le quartier de Belver Town était un quartier que l'on pourrait qualifier de tranquilles. Ses habitants étaient principalement des ouvriers, qui partaient de chez eux tous les matins pour aller travailler et ne revenaient que le soir pour se reposer. 

Et en ce début d'après-midi, il n'y avait donc quasiment personne dans les rues. Si ce n'est , quelques vielles femmes, se tenant à leur balcon et regardant les passants à la recherche de commérages. En arrivant devant la boucherie, Audrey remarqua que la boutique était juste en face d'un banc sur lequel se trouvait deux vieillards qui faisaient une partie de dame. 

Lorsqu'ils virent Audrey, ils cessèrent de jouer et l'observèrent d'un air amusé. Cette dernière préféra les ignorer et entra dans la boucherie. La devanture était simple, des briques rouges entrelaçaient la vitrine qui exposait plusieurs morceaux de viande de premier choix. À l'intérieur, le vendeur souriait à une petite vielle, tout en lui indiquant quelles viandes choisir pour son rôti de ce soir. L'homme avait la carrure d'un forain et était habillé d'un tablier bleu et blanc taché de sang.

— Alors madame Crulds, avez-vous fait votre choix ?

— Hmm... Je crois que je vais vous prendre une côtelette d'agneau.

— Très bon choix, et avec ceci ?

— Ce sera tout.

L'homme pesa sa viande et l'emballa avant de le lui donner sa cliente le salua et s'en alla, fière de son achat. Audrey s'avança et remarqua que le regard du boucher était devenu dure. Ses traits, qui pourtant resplendissaient avec la cliente précédente, étaient devenus sévères, ses yeux plisser regardèrent Audrey de la tête au pied avant de souffler d'agacement. Ignorant ce premier avertissement, Audrey se mit à lui parler.

— Bonjour Monsieur, je me présente, je m'appelle...

— Qu'est-ce que j'en ai à foutre. Répondit l'homme qui venait de lui couper la parole sans aucune retenue. Dites-moi ce que vous voulez acheter et partez, j'ai d'autres clients à géré.

Audrey se tourna pour voir les soit disant autres clients, mais ne vit personne.

— Je crains que vous ne nous compreniez pas monsieur, mais si je suis ici ce n'est pas pour acheter de la viande, mais pour...

— Si vous n'êtes pas là pour acheter de la viande alors dégagée.

— Mais enfin...

— Je croyais avoir été claire, jeune demoiselle.

— Vous pourriez au moins écouter ce que j'ai à dire. Répondit Audrey légèrement agacé, mais tout en restant la plus courtoise possible. Quand je pense que Madame Brygsbi vous avait qualifié d'ange, j'ai un peu de mal à la croire sur ce coup-là.

— Attendez... Répondit l'homme. Vous avez bien dit... Madame Brygsbi ?

Un peu perplexe, Audrey acquiesça, c'est alors que l'homme se mit alors à rire d'un éclat flamboyant et changea radicalement de comportement à son égard.

— Mais pourquoi ne pas me l'avoir dit plus tôt. Si j'avais su dès le début que vous connaissiez cette brave dame, je vous aurais tout de suite mieux traité.

— Et pourquoi ne pas l'avoir fait dès le début ?

— Écouter, les gens aussi bien habillés que vous n'apporte que des ennuis dans nos quartiers, alors oui, on préfère les faire fuir, ce n'est pas contre vous personnellement, mais on aime notre tranquillité. Enfin bref, comment connaissez-vous notre très cher Madame Brygsbi ?

— Il s'agit de ma logeuse.

— Vraiment ? Vous savez, c'est grâce à elle que mon fils passe son concours de l'école de police, dans moins d'un an, il fera officiellement partie des forces de l'ordre. Je suis si fier de lui. D'ailleurs, qu'est-ce que vous vouliez me demander à la base ?

— Eh bien, voyez-vous, je voulais vous demander si vous aviez des informations en rapport avec les lapins que vous avez reçus récemment.

— Vous en vouliez ? Oh, je suis désolé, mais je les ai déjà tous données.

— Non, je n'en voulais pas, mais je voulais savoir qui vous les avait donnés ?

— Ah ça, eh bien c'était il y a quelques jours, un soir alors que j'était sur le point de fermer boutique, il y a eu cet homme qui est venu me parler et qui m'a proposé de me donner des lapins. Vous pouvez comprendre que j'ai tout de suite accepté, de la viande gratuite, on ne nous en donne pas tous les jours, puis il est revenu le matin suivant et m'a livré cinq cartons remplis de ces animaux, je peux vous dire que j'ai été très surpris, les lapins étaient en vie. D'habitude, lorsque je suis livré en viande, celle-ci est déjà prête. Mais ce crétin m'a livré devant un groupe d'enfant.

— C'est un problème ?

— Évidemment que c'en ai un. L'un des gosses a vu les lapins et m'a supplié de les lui donner, car il refusait de les voir mourir. Je vous jure les gosses des fois. Bref, j'ai accepté, et j'ai donc donner ces bestioles à qui en voulait.

— Et vous vous souvenez du visage de l'homme ?

— Bien sûr, il avait des cheveux bouclé brun, il était plutôt grand, et il était habillé de manière très élégante, un peu comme un noble, mais ça se voyait tout de suite qu'il n'en était pas un, qu'il ne faisait que les imiter grossièrement. Il portait aussi sur sa veste une broche en forme de crâne en argent portant un masque de carnaval doré.

— Vous semblez être très observateur.

— Dans ce métier, c'est obligé mademoiselle. Oh et une dernière chose, c'était un satyre, mais ses cornes avait été scié

— Scié ? Répéta Audrey, quelque peu surprise. Vous en êtes sûr ?

— Aussi sûr que deux et deux font quatre.

— Il me semble que c'est une coutume chez les satyres, interdites par la loi de Starsia, mais toujours mis en vigueur dans certaines communautés. Ceux qui ont commis un crime grave se voient bannis et leurs cornes sont alors coupées. Quant à cette broche, j'ignore de quoi il s'agit.

— Je pense pouvoir vous éclairer sur ce coup-là répondit le boucher. Il s'agit de l'insigne que portent les employés du Théâtre disgracieux, tout le quartier de Belver Town est au courant de sa signification.

— Qu'est-ce que le Théâtre Disgracieux ?

— C'est une sorte de marché noir, dirigé par des criminelles en tout genres.

— Et par hasard, sauriez vous ou se passe ce marché noir ?

Le boucher sembla hésiter à lui répondre, préférant se taire pour la sécurité de la demoiselle, mais sous le regard insistant de cette dernière, il ne put rester bien longtemps silencieux.

— Écouter... Cet endroit est dangereux, et je vous déconseille fortement de vous y approcher.

— Il est aimable à vous de vous soucier de ma sécurité, mais cela ne regarde que moi et moi seul, je ne vous demande que quelques informations, rien de plus.

— ... Bon... Je suppose que vous ne me laisser pas vraiment le choix.

— Vous supposez bien.

— Dans ce cas... Tout ce que je sais, c'est que ce marché se déroule dans un vieux théâtre de Banshee Street, d'ou son nom d'ailleurs. Cependant, on assiste pas à ce genre d'événement comme ça, il faut avoir une invitation.

— Comment est-ce qu'on peut s'en procurer une ?

— Je ne sais pas vraiment, je suppose qu'il faut connaître l'un des organisateurs, ou qu'il faut payer sa place. Mais je vous recommande de ne pas tenter d'y aller, cet endroit est dangereux et malfamé.

— Je vous remercie de toutes ces précieuses informations, sur ceux, je vais donc vous laisser travailler.

Comprenant qu'il ne servait à rien de la dissuader d'aller là-bas. Il la salua, et pria intérieurement que cette jeune femme s'en sorte indemne. 

Les Chroniques de Starsia - TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant