Chapitre 1 : Le temple des Trois Lunes

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Il faisait nuit. La seule lumière provenait du ciel étoilé et de la pleine lune qui, telle la flamme d'une bougie, éclairait l'immense assemblée venue tout spécialement pour cet événement. L'éclosion de l'arbre lunaire était un événement historique, n'arrivant qu'une fois par siècle. Le festival se déroulait sur le continent d'Hista, peuplé uniquement d'elfes et de fées. Mais pour l'occasion, on pouvait croiser des créatures venues des quatre coins du globe. Tels que des nains trinquant avec des hybrides, une elfe dansant la gigue avec un humain, ou encore un faune tentant de vendre d'étranges babioles aux plus offrants.

À cet instant précis, les lumières provenant des lampadaires, des maisons et des stands s'étaient éteintes, laissant place à un silence total. Tous les regards étaient tournés vers l'arbre lunaire. Soudain, des feuilles argentées commencèrent à pousser sur les branches mortes de l'arbre millénaire.

La lumière de la lune faisait scintiller les feuilles, les rendant plus éclatantes qu'elles n'auraient pu l'être. Puis, des fleurs bleues, semblables à des fleurs de cerisier, apparurent sur les branches. Les feuilles et les pétales commencèrent ensuite à tomber doucement sur l'assemblée. L'événement touchait à sa fin. Des applaudissements éclatèrent, le spectacle était sublime.

Le seigneur elfe, Obania, et la grande prêtresse des trois lunes, Sophia Lancasta, montèrent alors sur l'estrade prévue à cet effet. Ils prononcèrent chacun un discours sur l'importance des traditions et sur l'héritage que laissait cet arbre ancestral.

Non loin de l'estrade, une femme élégamment vêtue, portant des vêtements à la dernière mode dans des tons bruns et gris, se fondait discrètement dans la foule. Malgré sa tenue discrète, certains détails trahissaient son rang social, comme le chapeau orné de petites plumes blanches et bleues, ou la broche en forme de cygne doré accrochée à son veston.

Assise sur un banc, elle observait le discours tout en retranscrivant chaque mot et chaque détail dans un petit carnet noir. Elle notait également le temps qu'il fallait pour que les feuilles et les fleurs de l'arbre ne fanent entièrement, ainsi que ses impressions personnelles sur cet événement enchanteur.

C'est alors qu'une elfe s'approcha d'elle, bousculant involontairement la foule, un carnet à dessin à la main. Elle était l'une des rares personnes qu'il était impossible de ne pas remarquer. Sa peau était d'un bleu nuit profond, et ses yeux brillaient comme de l'or. Mais ce qui attirait le plus l'attention, c'était son vêtement, un splendide costume trois-pièces noir et blanc, habituellement porté par des hommes de l'aristocratie, agrémenté d'une fleur de lys à sa boutonnière.

- Audrey, pardon de te déranger dans tes notes, mais je voulais savoir ce que tu pensais de mes croquis ?

La femme prit le carnet à dessin et les observa un à un. Bien qu'habituée au talent de graphiste de son amie, elle était toujours impressionnée par son coup de crayon. Les traits étaient rapides mais fins, capturant chaque détail avec précision. Il ne manquait que la couleur pour que les dessins soient parfaits.

- Tes dessins sont extraordinaires, Sarya, dit-elle avec un large sourire. Je suppose que tu retravailleras les couleurs sur le navire ?

- Merci ! Mais non, je les ferai à l'hôtel dès ce soir, comme ça, je pourrai pleinement profiter du voyage.

- J'en conclus donc que je serai seule pour parler avec le seigneur Obania et la Grande Prêtresse, n'est-ce pas ?

- Je suis sincèrement désolée, dit-elle avec une pointe de sarcasme, mais tu sais aussi bien que moi que je ne suis pas à ma place parmi eux.

Audrey, qui s'attendait déjà à devoir se rendre seule à son rendez-vous, hocha la tête avec un petit sourire, lui signifiant de faire comme bon lui semblait. Sarya lui sourit en retour avant de s'éloigner en direction de leur hôtel.

Sachant qu'elle avait encore du temps avant la réunion, Audrey déambula parmi les stands. Les objets en vente étaient divers et variés, reflétant sans le vouloir la personnalité de leurs propriétaires. L'un des stands, tapissé de draps blancs et bleus, proposait divers objets liés au monde elfique, des armes en argent massif, des colliers finement ciselés ornés de pierres semi-précieuses telles que la pierre de lune, le lapis-lazuli ou encore l'améthyste. On y trouvait également des livres d'art sur des artistes elfes de la dernière décennie. Audrey en acheta deux ou trois pour le voyage de retour avant de poursuivre sa découverte des autres échoppes.

Elle passa devant un stand de nourriture rapide. Près du comptoir, des tables et chaises accueillaient les clients, tandis qu'au-dessus d'un grill, de la viande rôtissait. Un cochon de lait tournoyait sur une broche au-dessus d'un grand feu. Tentée de s'arrêter pour manger quelque chose, Audrey changea finalement d'avis en voyant quelques mouches tournoyer autour de la viande.

Le dernier stand vendait des armes variées, massues, haches, dagues et arcs, mais aussi des vêtements pour différentes morphologies, ainsi que des cottes de mailles en alliage elfique.

Voyant l'heure passer, Audrey se dirigea vers l'extérieur du parc, où se trouvait l'arbre sacré. À l'entrée, plusieurs fiacres attendaient d'éventuels clients. Audrey monta dans le premier et donna l'adresse de son rendez-vous au cocher.

- Au temple des trois lunes, je vous prie.

L'homme, surpris par sa demande, se retourna pour voir qui lui avait donné cette direction.

- Je veux bien vous y conduire, mademoiselle, mais... à cette heure-ci, le temple est fermé.

- Je le sais. Conduisez-moi quand même là-bas.

Un peu déconcerté, le cocher obéit et lança ses chevaux en direction du temple, avançant à vive allure vers leur destination.

Les Chroniques de Starsia - TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant