À MOI (Les sombres secrets d'un milliardaire)

Chapitre 28

En ouvrant la porte du café, Rose esquissa un sourire radieux. Les habitudes de son père ne changeraient jamais et c'est pourquoi son regard s'était automatiquement posé sur la dernière table de la rangé de gauche, près de la fenêtre. Elle se dirigea vers celle-ci en ignorant le brouhaha assez sonore des clients.

  - Papa...

La mine grognon de son père disparut pour laisser place à une expression heureuse.

  - Bonjour ma rose, dit-il en se levant précipitamment pour la prendre dans ses bras.

Cette étreinte lui fit tant de bien qu'elle ne voulait plus le lâcher.

  - Tu as l'air de bien te porter ma chérie, s'exclama-t-il avec toujours cette émotion dans la voix qui ne l'avait jamais quitté depuis qu'ils s'étaient rapprochés. Laisse-moi un peu te regarder.

  - Papa, chuchota-t-elle en lui faisant connaître sa gêne qu'il lui demande de tourner sur elle-même au milieu des clients.

  - Pardon, installe-toi ma chérie.

Rose se glissa sur la banquette avec une petite nervosité qu'elle essaya de lui cacher derrière un sourire en coin. Sa relation avec son père était fusionnelle après quelques turbulences qui les avaient éloignés. À une époque où elle pensait que sa mère avait le plus besoin d'elle, Rose n'avait pas supporté le départ de son père et n'avait pas compris les raisons qui l'avaient poussé à partir. Coincée entre ses deux parents, Rose avait été utilisé au milieu d'un divorce difficile. Manipulée, Rose avait choisi son camp sans réfléchir, poussée à rester avec sa mère au moment le plus difficile. Un choix qui avait brisé son père et elle l'avait su bien longtemps après.

  - Comment se passe ton travail ? Demanda-t-elle en ouvrant la carte, impatiente de choisir.

  - Tout va bien, cependant j'ai hâte de m'offrir quelques vacances bien mérité.

Son père était un travailleur manuel et adorait travailler le bois. Néanmoins son âge ne lui permettait plus de donner autant de sa personne qu'à une époque où son dos ne le faisait pas souffrir comme maintenant.

  - J'ai déjà choisi pour toi ma chérie.

 Rose abaissa la carte, l'air impassible alors que son esprit lui imposait l'image d'Edward que son père venait de lui rappeler sans le vouloir.

Comme décrété quelques jours plus tôt, Edward ne l'avait pas laissé partir seule à New York. Ils avaient pris son jet privé comme prévu et ils séjournaient dans un luxueux appartement au cœur de Manhattan. À cet instant précis elle ignorait où il se trouvait, mais lui savait où elle se trouvait, car il lui avait imposé un chauffeur visible depuis la vitre du restaurant.

  - Ça ne va pas ? Tu voulais choisir ?

Rose quitta à temps sa torpeur pour sourire à son père.

  - Tout va bien papa, c'est juste...que tu m'as rappelé quelqu'un.

  - Voilà pour la demoiselle, lança la serveuse en glissant une assiette devant elle.

  - Merci.

  - Tu aimes toujours les gaufres ? S'enquit son père en réceptionnant son café noir l'air déstabilisé.

  - Papa s'il te plaît, cesse de faire ça, dit-elle tout bas, le cœur serré de le voir si inquiet. Je n'ai pas changé mes goûts alimentaire depuis que nous nous sommes vu la dernière fois.