Chapitre 44

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L'obscurité, c'est tout ce qu'elle avait l'impression de ressentir depuis son accident. En regardant vers la fenêtre depuis le lit, Rose fut saisie d'un terrible pressentiment. C'était comme si un brouillard épais se formait dans les nuages sombres et qui annonçaient plus qu'un orage. C'était le cas, réalisa Rose quand elle entendit un grondement sourd couvrir le silence. Elle serra le téléphone dans ses mains et tournant la tête vers la porte entrouverte. Madeleine ne semblait toujours pas là alors qu'Edward était déjà parti depuis plus de trente minutes. Était-ce le temps qui se gâtait qui était la raison de son retard ?

Un bruit provenant du couloir la fit sursauter.

  - Madeleine ? Est-ce que c'est vous ?

Personne ne lui répondit, faisant émerger une panique latente. Son cœur martelait ses tempes déjà douloureuses et cette douleur se s'accentua quand la porte se poussa complètement.

  - Susan ? Mais qu'est-ce que vous faites là ? Demanda-t-elle en fixant celle-ci avec un faible sourire.

Elle s'approcha du lit et s'installa au rebord du matelas avec un sourire qui se voulait rassurant.

  - Allons, commença-t-elle doucement. Il est normal que je me préoccupe de votre santé. Mon fils tient tellement à vous.

  - Vous n'étiez pas obligée, dit-elle en esquissant un sourire léger. Je ne veux pas être un poids pour vous. Madeleine ne devrait plus tarder maintenant.

  - Mais non voyons ! Dit-elle en posant sa main sur la sienne. Je vais vous préparer une bonne soupe, ça vous fera du bien.

  - Merci Susan, murmura Rose en la regardant partir.

La panique latente se mua en une angoisse suffocante. Elle se redressa sur le lit tout en appuyant sur le numéro d'Edward, le regard rivé sur le couloir où avait disparu Susan.

La pluie battante commençait à masquer la visibilité, l'orage grondait au-dessus de la route de campagne dans un nuage noir avalant les derniers rayons de lumières. Edward amorça le virage avec précaution au moment où son téléphone sonna en affichant le numéro de Rose. Il décrocha avec la commande de distance mais le temps était si mauvais qu'il perdit le réseau au moment où elle s'apprêtait à parler. Edward leva le pied de l'accélérateur et avant même que son intuition donne raison à son geste, il freina violement sur la route pluvieuse pour faire demi-tour. Il tenta de la rappeler sans succès, aggravant ainsi le mauvais pressentiment qui le poussa à accélérer. Sans quitter la route des yeux il alluma la tablette située sur le tableau de bord afin d'avoir des images provenant des caméras de surveillance. Il activa le son à distance et qui lui permettrait d'entendre et d'analyser la situation.

Une seule image lui fut pourtant suffisante pour comprendre qu'il se passait quelque chose de grave dans l'esprit de Rose lorsqu'il la vit en train de quitter le lit, le visage étiré de douleur causé par des gestes imprudents guidés par la panique.

La douleur était si forte qu'elle remonta jusqu'à son cœur alors qu'elle essayait de sortir du lit. La respiration erratique, elle prit appui sur sa jambe valide pour se lever en se tenant au lit. Le regard fixe en direction du couloir silencieux et peut-être un peu trop, Rose commença à marcher en n'ayant d'autre choix que de poser son pied plâtré sur le sol. Elle vacilla, les lèvres mordues à sang pour bloquer le cri de douleur qui voulait s'échapper de sa gorge serrée. Les béquilles qui étaient posées près du guéridon avaient disparu, aiguisant un peu plus l'effroi sur son visage. Au moment de passer la porte ses forces ne résistèrent plus à la vive et déchirante douleur dans sa jambe et elle se laissa tomber au sol. La respiration saccadée, elle s'aida de ses mains pour se trainer sur le parquet en bois jusqu'aux marches qui donnaient sur l'étage supérieur. Son but était de monter cet étage pour rejoindre l'antre d'Edward qui se verrouillait de l'intérieur par un code qu'elle était la seule à connaître. Le seul endroit où elle se sentirait en sécurité jusqu'à ce qu'il revienne.

À MOI   (Les sombres secrets d'un milliardaire)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant