Chapitre 7

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- Nina. À partir d'aujourd'hui, tu vas t'appeler Nina, ça te va bien, me dit la grosse femme qui me lave dans la baignoire d'un grand appartement. Elle parle polonais avec un vilain accent.

- Tu es une jolie petite fille. Très jolie. Il va falloir être sage Nina et bien écouter ce que je te dis. Je vais t'apprendre des choses, tu devras faire comme je te dis. Tu obéis, d'accord ?

Encore, obéir. Tout le monde me répète ça. Je fais oui de la tête. Mais une fois encore, je ne comprends pas ce que je fais là, ce qui m'arrive. Je veux rentrer à la maison. Je veux maman.

- Si tu es sage, je vais gagner de l'argent. Si tu es sage, tu auras des cadeaux. Si tu es sage, répète-t-elle en me frottant les cheveux, tu pourras vivre longtemps, comme moi par exemple. Tu ne veux pas mourir ? Hein Nina ?

Je fais non de la tête.

- Bien. Alors tu vas écouter et obéir. D'accord Nina ?

- Oui.

- Tu es une petite fille intelligente on dirait. Jolie, intelligente, et tu seras sage.

Elle m'a habillée d'une vilaine robe, elle m'a donné un verre de lait et une brioche et elle a passé beaucoup de temps au téléphone. Elle parlait russe, mais je n'ai rien compris à sa discussion de grand.

Le lendemain ou peut-être après, je ne sais pas, elle m'a amenée avec elle dans une maison. Je n'ai pas reconnu les rues, ni les maisons. Ce n'est pas chez moi. Je ne sais pas où je suis.

Dans cette maison, il y avait d'autres filles. Toutes différentes, mais toutes plus grandes que moi, avec des petits seins déjà, des filles avec de gros seins et des femmes pas très habillées avec les seins nus presque.

- Les filles, voici Nina. La nouvelle, dit Luba la grosse dame qui me sert de nouvelle maman, je crois. Elle est russe, voilà pourquoi elle a un vilain accent en polonais.

- Mais c'est une petite fille ! A dit une grande blonde.

- C'est comme ça. Il va falloir lui apprendre les bonnes manières et les mots qu'elle doit comprendre. Elle est polonaise. Elle ne parle ni russe, ni anglais, alors apprenez-lui les bons mots.

J'ai maintenant un lit dans cette grande maison. Il y a six autres filles dans la chambre. Elles sont plus vieilles que moi et pas très souvent bien habillées. C'est bizarre.

Une des filles me prend par la main et m'entraîne devant un tableau où elle écrit des mots en russe. Je fais toujours comme maman m'a dit. Je fais celle qui ne sait pas parler ni lire le russe.

- Baiser. Queue. Chatte.

Elle me montre les mots qu'elle a écrits et les prononce, quand une autre fille vient me prendre le bras et me tire en arrière.

- Tu crois qu'elle va comprendre tout ça ? Tu crois qu'elle sait ce qu'est une queue à six ans ?

- Et bien, trouve-lui un livre d'images ! Connasse !

- Elle va vite comprendre, dit une autre fille qui rejoint le groupe.

- C'est dégoûtant. C'est un bébé putain ! Dis une autre assise sur le lit.

- Elle apprendra. Avec la peur et la douleur, elle va tout vite retenir.

Luba m'a enfilé une robe transparente trop longue pour moi, je n'aime pas alors je pleure. Elle ne m'a pas mis de culotte. Elle me traîne dans une chambre où une fille est à genoux toute nue devant un monsieur tout nu aussi. La fille ne me regarde même pas, le monsieur lui tient la tête et les cheveux. Lui, il me regarde et il me fait peur. Je pleure et je veux m'enfuir quand Luba me jette violemment aux pieds du monsieur. Je tombe sur mes fesses, ça me fait mal.

- Montre-lui Ninel ! Apprends-lui. Qu'elle se rende utile, je ne la nourris pas pour rien, crie Luba en quittant la chambre.

Ninel me regarde enfin, le monsieur me fait un grand sourire.

- C'est comme lécher une sucette, m'a dit Ninel.

NINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant