Chapitre 23

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Je suis restée enfermée dans ma chambre pendant des jours entiers. Je m'en suis voulu d'avoir loupé ma mission et surtout de ne pas avoir tué ce sale porc de Tony. J'ai pleuré. J'ai frappé les murs à m'en faire saigner, faute de taper Tony. Un mélange de colère, de frustration et un manque. Eichi me manque.

Michiko m'apporte mon repas, mais rien ne passe.

- Il faut manger, mademoiselle Nina.

Nous parlons japonais dans la maison. C'est un bout du Japon dans cette grande Amérique, et je m'y sens bien.

- Monsieur Kitano veut vous voir dans son bureau. Il vous attend.

- Il est fâché ? Il est déçu certainement. Je suis trop nulle...

Je n'ai pas voulu voir papy, ni personne d'ailleurs depuis mon retour d'Italie. Il n'y a que Michiko qui est venue plusieurs fois me voir, mais je n'ai pas été très sympathique avec elle, je m'en veux.

- Non mademoiselle Nina. Il comprend. Votre passé est douloureux. C'est long de guérir du passé, me dit-elle avec encore plus de pudeur que d'habitude.

- Vous n'avez pas de famille Michiko ?

Je regrette aussitôt ma question qui manque de respect. Je m'incline et lui demande pardon, je n'aurai pas dû.

- J'ai choisi ma vie, mademoiselle Nina. J'ai le poste que je voulais avoir. Servir monsieur Kitano est un honneur.

Je n'en crois pas mes yeux, ses joues se sont légèrement empourprées. Michiko a des sentiments pour papy ? Depuis combien de temps est-elle à son service ? Mille questions me viennent, mais par respect, je ne dirai rien de plus. Je finis par suivre Michiko jusqu'au bureau de papy où elle nous laisse seuls. Il m'invite à m'asseoir sur le siège face à lui, c'est un bel homme posé derrière son bureau.

- Comment te sens-tu Nina ?

- Mal. Je me sens nulle, je m'en veux, je regrette tellement. Il était là en face de moi et j'ai merdé, enfin je veux dire je n'ai pas réussi.

- Pourquoi tu n'as pas réussi ?

- Les souvenirs m'ont envahi. Je me voyais dans cette maison, j'ai eu l'impression de tout revivre, c'était douloureux et effrayant. Et puis, il y a avait ce petit garçon, le nouveau jouet de Tony, ça m'a écœurée. Je voulais le sauver et en même temps, je ne savais pas comment.

J'essuie rapidement mes larmes. Je me sens faible. Plus d'un an d'entraînement pour ça. Je me trouve vraiment idiote. Je me lève et je vais regarder le jardin par la fenêtre.

- Je suis incapable de faire ce que vous attendez de moi. Je suis désolée. Je ne suis que Nina. C'est à dire rien. Je n'ai rien. Pas de famille, pas d'amis, pas d'avenir et un passé bien trop lourd à porter. Même si je réussis, qui voudra de Nina la pute ? Qui aura envie de m'aimer ? Je ne veux pas vivre seule, je suis tout le temps seule déjà. J'ai toujours été seule. Ma maman me manque atrocement. Et je suis terrifiée parce que j'ai presque tout oublié d'elle. Je ne veux pas l'oublier. C'est ma racine, mon ancre. Je ne veux pas l'oublier.

Les larmes m'envahissent encore et les mains de papy se posent avec douceur sur mes épaules.

- Tu n'es plus seule Nina. Et tu es bien plus forte que tu le crois. Tu as tout pour réussir, crois en toi.

Je le regarde avec tendresse et il me sourit. C'est rare de le voir sourire quand même.

- Merci.

- Tu as besoin de te changer les idées. Tu es jeune. Amuse-toi un peu. As-tu une jolie tenue de fête ? C'est bientôt ton anniversaire non ?

NINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant