Le fourgon bleu prend la route, direction la prison. Fini la liberté. Fini le courage de Nina. J'ai dû arrêter de pleurer, les gendarmes n'avaient plus de mouchoirs en papier à me donner.
Nous sommes à l'arrêt dans des bouchons et le chauffeur gronde. Il actionne la sirène, c'est une horreur dans ma tête. Des voitures se poussent, mais finalement, nous n'irons pas plus loin. La route semble bloquée.
- Je reviens, dit l'un des hommes qui sort de la camionnette et va voir d'autres gendarmes garés plus loin sur le côté de la route.
Nous attendons son retour, je tente de voir ce qu'il se passe, mais je ne distingue rien. Le gendarme revient.
- Putain d'agriculteurs, dit-il. Ils ont garé un tracteur au milieu de la voix avec de nombreuses bottes de paille. Les enfoirés !
Je souris bêtement, je trouve ça drôle. Mon Thomas est agriculteur.
Finalement, nous sommes contraints de prendre une route secondaire. Moi, ça m'est égal. Nous roulons, je profite une dernière fois du paysage rural, les champs, les quelques vaches pas encore à l'étable, je rêvasse et puis boum !
La camionnette est poussée dans le caniveau au bord de la route. Le choc est violent, ma tête a tapé contre la vitre, je crois que je saigne. Les gendarmes sont choqués, légèrement blessés pour deux d'entre eux. Je me remets de mes émotions et là, je suis étonnée en regardant dehors.
Mon Thomas, fusil à la main, descend de son tracteur et le pointe sur les gendarmes. Ni une, ni deux, je donne un coup de pied dans le nez du gendarme le plus proche de moi, je bouscule un autre qui se remet à peine du choc et je lui vole son arme.
- Je ne veux tuer personne ! Laissez-moi juste partir.
Je galère avec mes menottes, mais Thomas ouvre la porte coulissante depuis l'extérieur.
- Je fais n'importe quoi, me dit-il. Je suis fou !
Il pointe toujours son fusil vers les gendarmes qui peinent à se relever.
- La clé des menottes ! Ordonné-je et un des gendarmes me défait les menottes en saignant du visage.
- Pardon, dis-je bêtement.
Je culpabilise un peu, les pauvres. Ils sont tombés sur le mauvais numéro.
- On est dans la merde, je suis dans la merde, bougonne Thomas.
- Que personne ne bouge d'accord ? On ne vous aucun mal, dis-je aux gendarmes avant de me tourner vers Thomas. T'as prévu une voiture ? Elle est où Anna ?
Il me montre un alignement d'arbres un peu plus loin.
- Anna est dans ma voiture garée là-bas.
Mon Tom est perturbé, il a baissé sa garde, il est sous l'effet du stress.
- Donne-moi le fusil et va chercher la voiture, lui ordonné-je et il m'obéit sans rien dire.
Je tire sur les pneus de la camionnette avec l'arme du gendarme.
- Vous êtes timbrée ! Me crie l'un d'eux.
- Vous n'irez nulle part ! affirme un autre.
- Je dois protéger ma famille.
Et puis je cours vers la voiture de Tom, je grimpe dedans, je jette un regard rapide vers ma jolie Anna qui barbote dans son siège bébé.
- Tu te sens de conduire ? Faut aller vite ! On ne respecte pas les limitations de vitesse !
Tom me regarde et accélère aussitôt. OK, il tient à sa virilité de conducteur.
- Tu as pris le téléphone caché ?
- Oui, dit-il concentré sur la route.
- T'as eu les numéros ? C'est des coordonnées.
- Oui, j'ai mis ça sur le GPS. J'ai galéré, je ne savais pas faire. Ça nous dit « aéroport de Marseille ». 7h de route.
- Oh merde, c'est loin, dis-je en observant le GPS. T'es sûr de toi ?
- Sûr de moi ? Sûr de moi ? Crie Tom. T'es sérieuse là ? Bien sûr que non, je ne suis pas sûr ! Putain Marie, ou je ne sais qui, tu te rends compte de ce que je viens de faire ? Depuis ce matin 2h, j'ai mis ces foutues bottes de paille sur la voie rapide et j'ai laissé mon vieux tracteur, et là, je viens de défoncer une camionnette de gendarmerie ! Sûr de moi ? Pas du tout ! hurle-t-il.
Anna se met à pleurer, je me tourne pour tenter de la réconforter.
- Merci, lui dis-je timidement. Tu t'es bien débrouillé, mais tu n'étais pas obligé.
- T'es ma femme putain ! Enfin non, vu que tous tes papiers sont faux, tout est nul. T'es surtout la mère d'Anna et elle a besoin de toi, elle est petite encore. Vu que je sais par où Anna est sortie, je sais que c'est ta vraie fille, à savoir si je suis le vrai père, c'est autre chose, soupire-t-il en colère.
- Elle est de toi Tom. On l'a faite ensemble.
- Ouais bah ça reste à prouver. Je ne sais pas qui tu es, c'est le bordel tout ça. Je vais aller en prison pour... toi. Tu vas fuir avec Anna et tu l'élèveras bien hein ? Tu lui parleras de moi aussi et...
- Tom, on fuit ensemble. Nous sommes une famille.
- Non, nous sommes des étrangers. On a baisé ensemble et peut-être que Anna est ma fille, mais...
- Arrête de dire des conneries ! C'est ta fille, je suis ta femme ! Et je t'aime.
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NINA
General Fiction"Kocham cię" répétait ma maman pendant que je la regardais mourir. Papa aussi a brûlé dans les flammes de l'enfer. J'avais 6 ans. Et puis, ILS ont fait de moi un objet. ILS m'ont tout pris, mon enfance, ma dignité, mon nom... ILS pensaient que j'al...