Chapitre 42

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Nous avons atterri au Japon et nous avons été aussitôt conduits dans un hôtel luxueux. Je peux enfin profiter de ma fille en toute tranquillité, même si je ne suis pas totalement sereine. Tom tourne en rond dans notre suite. Il observe les lieux, touche des objets, se parle tout seul.

Finalement, il rejoint Anna et moi qui jouons sur le tapis.

– C'est quoi la suite ? On va devoir vivre ici au Japon ?

– Je ne sais pas.

– On a tout perdu pas vrai ?

– Oui. Je suis désolée pour tout ça.

Il se lève frustré, mais sa colère retombe aussitôt avec l'arrivée d'Himari.

– Mademoiselle Nina, monsieur Kitaro veut voir voir, dit-elle en se penchant puis elle regarde Tom et ajoute : seule.

J'explique à Thomas qu'il doit m'attendre, que je ne risque rien, lui non plus, mais il a dû mal à comprendre et accepter. Le ton monte entre nous et c'est une première. Finalement, je le quitte fâchée en le laissant avec Anna.

Dire que mon ventre se tort quand je me retrouve devant la porte du bureau d'Eichi n'est pas qu'une simple sensation, mon ventre est totalement douloureux. Et quand j'entre, j'ose à peine lever les yeux vers lui. J'ai senti mes joues rougir. Le silence n'a pas aidé. Il a l'air d'avoir oublié ses mots, et chez moi, rien ne sort ou presque.

– Merci. Encore.

Ridicule. Je suis ridicule, je me mets à pleurer et dans un geste qu'un Japonais n'a pas l'habitude de faire, je me précipite sur lui et l'enlace. Cet homme est ma bonne étoile. Il a toujours été là pour moi. Pourquoi ? Je ne saurai l'expliquer. Mais il m'a sauvée de tout. Son respect, son amour m'ont permis de vivre, de me battre. Je lui dois tellement que je le serre avec force en disant des dizaines de merci dans plusieurs langues et je l'entends soudain rire légèrement.

– Grand-père disait : impulsive, dit-il enfin.

– Je te demande pardon pour tout ça. Je devais protéger ma famille tu comprends alors...

– Chut, Nina, fait-il en jouant avec mes cheveux. C'est terminé tout ça. Je vais faire ce que j'aurai dû faire depuis longtemps. Te garder ici. Près de moi. J'aurais dû mieux te protéger, j'étais jeune et un peu stupide. L'empire que j'ai entre les mains, je te le dois. Mes affaires marchent plus que bien et mon grand-père avait raison, j'ai trouvé ma place. Je vis de choses légales, tu vois, m'explique-t-il en allant vers les baies vitrées de son bureau. Je suis un homme d'affaires plus qu'un fils de mafieux.

Il fait quelques pas. Je le regarde, élégant, toujours aussi attirant, sûr de lui. Il sourit. Eichi sourit, alors ça me fait sourire aussi de le voir ainsi.

– Le dragon et le feu sont inséparables, me dit-il. Nous allons ensemble. Ta famille et toi allez rester ici désormais. Je vais t'aider et personne, je dis bien personne, ne viendra plus vous menacer. Je te le promets.

Quelques jours plus tard, Tom et moi avons été conviés à une réception dans la maison familiale d'Eichi. J'avais pris le temps d'expliquer à Tom que notre vie allait désormais devoir se faire ici, que l'on devrait changer de nom. Il a forcément eu dû mal à encaisser et il est resté muet jusqu'à aujourd'hui. Pas facile non plus de s'intégrer, il ne parle ni anglais ni japonais alors il se sent isolé. Je fais du mieux que je peux, mais il me repousse facilement. Je suis perdue avec lui. Je prends un temps seule pour me recueillir sur la tombe de papy au fond du jardin. J'ai su que Michiko était décédée par très longtemps après lui et que ses cendres avaient également éparpillée ici. Réunis dans la mort.

Eichi finit par me rejoindre, nous marchons un peu en discutant, ses gardes du corps jamais très loin quand je vois arriver mon Tom dans son costume sur lequel il tire sans arrêt. D'un pas pressé et assuré, il fonce vers nous, enfin surtout vers Eichi, index pointé en avant. Eichi a à peine le temps de calmer ses gardes du corps que mon Tom se met à parler en le menaçant. Il me semble un peu éméché.

– Je ne sais pas qui vous êtes, je sais seulement que je dois vous remercier pour nous avoir sauvé et aussi pour tout le reste, mais elle, fait-il en me montrant du doigt, c'est ma femme ! Ma femme à moi. Et c'est notre petite fille. Ma femme, répète-t-il un peu titubant.

Tom repart sûr de lui sans plus rien ajouter et Eichi me regarde parce que forcément, il n'a rien compris. Moi, j'entrevois une toute petite lueur d'espoir. Mon mari a l'air de reprendre vie, en tout cas, il tient encore à moi.


NINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant