Chapitre 8

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Les gendarmes ont fini par perdre patience, j'ai refusé de répondre tant que mon mari et ma fille n'étaient pas en sécurité. Ils m'ont menottée devant Thomas et Anna qui pleurait. Et ils m'ont conduit à la gendarmerie de la ville voisine à notre petit village. Une gendarmerie. Moi ? Je crois qu'ils n'ont pas compris à qui ils avaient à faire. Je les observe s'agiter, ils sont perdus les pauvres. Mes mains sont attachées devant moi, je regarde les menottes, puis les hommes et la pièce. Dans ma tête, ça cogite. Je peux enlever mes menottes, prendre une arme à l'un des deux types près de moi, menacer les autres en prenant l'un des deux en otage et fuir. Quinze minutes, même moins, c'est le temps qu'il me faudrait pour faire cela. Je suis Nina, je peux le faire, je sais le faire, je l'ai déjà fait dans ma vie d'avant.

- Hey ! Je les interpelle. Je crie plusieurs fois et finalement, tous me regardent. Vous devriez me transférer dans une prison haute sécurité, je pense. Vous avez ça en France ?

Ils se mettent à rire forcément. Je soupire. Je suis sérieuse.

Le gradé vient se poster en face de moi et me scrute de la tête aux pieds.

- Ils sont où les deux types que tu as soi-disant tués ?

- Avec les neuf autres. Sous les toilettes sèches. Tués, découpés et enterrés. Vous devriez appeler les services secrets. Dites-leur que vous avez arrêtés Katarina Olinsky alias Nina. Dites-leur qu'ils viennent me chercher. Je suis prête à tout dire, mais s'il vous plaît, amenez mon mari et ma fille loin d'ici. Pitié !

Rien à faire. Les gendarmes ne veulent pas me prendre en considération. Ça tapote sur le clavier, ça papote, je bous de rage.

- Blyat !

Je manipule l'os de mon pouce et je le déboîte avec facilité, mais légère douleur. Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas fait. Je fais sortir ma main de la menotte, je me lève rapidement, les gendarmes n'ont pas encore réagi. Je déboutonne l'étui à la ceinture de l'homme le plus près de moi avec rapidité et je prends son arme que je colle sur sa tempe. Tous les yeux sont braqués sur moi, pire ceux de Paul qui vient tout juste d'entrer dans la gendarmerie.

- Marie ! crie-t-il en me voyant.

- Vous allez m'écouter maintenant ! Hurlé-je aux gendarmes dont certains braquent leurs armes sur moi. Je ne veux tuer, ni blesser personne, d'accord ?

Je tiens fortement l'homme et l'arme contre sa tempe. Le gars flippe, je le sens. Il n'est pas habitué à cette violence, moi si, moi, j'ai connu, j'ai vécu pire. Il transpire, il a peur.

- Paul, tu dois sauver Tom et Anna ! Amène-les loin ! Le plus loin possible de la maison et même d'ici ! Il faut que tu le fasses Paul, je t'en supplie !

Mon regard se pose sur le plus gradé.

- Et vous ! Appelez les services secrets, l'armée, je n'en sais rien, mais bougez votre cul. Ils vont venir me chercher, vous allez tous mourir, c'est ce que vous voulez ? Moi pas. Vous avez des femmes, des enfants, une famille ! Faites ce que je vous dis par pitié !

- OK, on va faire ce que vous dites, mais baissez votre arme et laissez notre collègue partir. Sans violence, me crie le gradé.

Je regarde Paul.

- Promets-moi Paul. Sauve Tom et Anna.

Son regard est celui d'un homme effrayé et perdu. Le sens du devoir ou l'amitié. Il hésite entre les deux. Va-t-il m'écouter ? Je prie que oui.

Je lève les mains puis je lâche le gendarme et je pose l'arme sur un bureau et je m'en éloigne. J'espère sincèrement qu'ils vont enfin m'écouter et me prendre en considération.

NINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant