Chapitre 5

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Un homme me tire violemment par le bras, ça fait très mal, je pleure. Nous marchons dans un long couloir sombre puis il me pousse dans une pièce où il y a de nombreuses femmes, des grandes, des adultes. Elles me scrutent toutes, la plupart allongées sur des matelas au sol. Elles ne sont pas beaucoup habillées, certaines ont l'air d'avoir pleuré.

L'homme parle une langue que je ne connais pas. Personne ne répond alors il se met à crier fort et une jeune femme lève la main. Elle est blonde, les yeux clairs, elle est jolie. Elle s'avance vers nous et l'homme me pousse violemment vers elle et lui parle quand elle me récupère dans ses bras.

Il crie fort avant de sortir, des femmes pleurent de peur, je crois.

La fille, elle n'a pas l'air vieille, elle me tient la main et m'entraîne dans un coin de la pièce sous les regards des autres qui murmurent.

- Je m'appelle Daria, tu t'appelles comment petite puce, me demande-t-elle en polonais en frottant les larmes sur mon visage avec le bas de son tee-shirt.

- Katarina. Katarina Olinsky.

Elle me force à m'asseoir sur un matelas et me regarde avec des yeux tristes.

- Quel âge tu as ?

- Six ans. Est-ce que maman est morte ? Elle a brûlé ? Elle est où ma maman ?

Elle s'allonge sur le lit et j'en fais autant. Elle me caresse les cheveux. Je la regarde, elle est si triste.

- Ta maman est morte. Tu ne la reverras jamais. Je suis désolée.

- Et papa aussi ?

- Oui. Et Katarina Olinsky aussi.

Je ne comprends pas ce que ça veut dire. Elle m'embrasse le front avec gentillesse. Je pleure d'avoir perdu papa et maman. Maman.

- Il va falloir que tu sois forte petite puce. Tu viens de tomber en enfer. Ici c'est l'enfer. Tu sais ce que c'est l'enfer ?

- Oui. Maman m'a expliqué.

- Et bien, tu es en enfer petite puce. Tout le monde ici est méchant. Tout le monde va te faire du mal, surtout les hommes. Tu dois être forte. Obéis, écoute bien et tu vivras. Tu comprends petite puce ? Tu dois obéir et faire ce qu'on te demande même si dégoûtant, même si ça fait mal.

Je fais de oui de la tête même si je ne comprends rien de ce qu'elle me raconte.

- Un jour, j'espère qu'il y aura une personne qui sera tellement forte qu'elle détruira tout et qu'elle tuera tout le monde. Un ange. Un ange pour que plus personne ne vive en enfer. Une femme, ce serait bien. Peut-être seras-tu cette femme ange, petite puce ? Tu dois être forte. Obéis. Fais ce que l'on te demande, me répète-t-elle encore et encore. Soit forte. Tu vivras.

« Soit forte, obéis ». Je m'endors avec ces mots qu'elle me répète encore et encore comme une prière. Et au petit matin quand des hommes sont venus chercher des femmes dans la pièce, elles se sont toutes mises à hurler et pleurer. Certaines étaient à genoux pour prier ou supplier, je ne sais pas. Je ne comprends pas tout, je regarde, je vois juste la peur et la tristesse. Et puis, ils ont pris Daria, elle a encore crié « soit forte, obéis petite puce » dans ma langue.

Un monsieur est venu me prendre aussi, je suis montée dans une camionnette avec d'autres petites filles, pas les mêmes que celles de la dernière fois, je suis la seule je crois à avoir le huit bizarre sur mon poignet. L'une d'entre elles a un petit lapin en peluche dans les bras. Il est bleu et tout sale, mais il est beau quand même. Je n'ai pas ma poupée avec moi. C'est une jolie poupée en tissu et maman m'avait cousu des vêtements pour l'habiller. Je pleure. Je veux ma maman et ma poupée. Je veux rentrer chez moi. Elle est où ma maison ?

NINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant