Chapitre 1

4.1K 150 61
                                    

– Blyat !

La chaîne s'est cassée alors qu'il me reste encore les deux jambes à couper. Je hurle à l'intérieur de moi car le temps m'est compté. Et cette fichue voiture...

Je prends vite la seconde tronçonneuse et je termine ma besogne, je dois me dépêcher avant le retour de Tom. Deux tronçonneuses à nettoyer, c'est du temps en moins pour m'occuper du reste. Pourvu qu'Anna ne se réveille pas avec tout le bruit que je fais ! Le sang coule à flot mais je ne suis pas dégoûtée, le sang, je l'ai tellement fait verser que je ne suis même plus perturbée. Heureusement, j'ai déjà nettoyé l'entrée de la maison.


Quelques heures auparavant...

Anna et moi rentrons de promenade, il est n'est pas encore midi. La pluie s'est mise à tomber avec abondance. Je la change et lui donne son repas avant de la mettre à la sieste.

Le bruit d'une voiture dans les graviers devant la maison me fait regarder par la fenêtre. Comme un sixième sens, toujours à l'affût, j'ai fini par reconnaître le bruit des voitures, celle de mon mari, celles de nos amis et voisins. Celle-ci, je ne la connais pas alors d'instinct, je laisse ma vaisselle et j'empoigne un petit couteau avant de me diriger calmement vers la porte d'entrée où j'observe discrètement par la petite fenêtre la berline noire qui se gare.

Mon ventre ne se trompe pas. Les deux hommes qui en sortent, n'ont rien de voisins, ni d'amis. Je reconnais à leur allure qu'ils sont des hommes de clans. Quel clan ? Aucune idée et c'est bien le dernier de mes soucis. Je ne me pose pas la question, j'agis.

Je vois les deux hommes balayer du regard rapidement la zone et venir vers la porte.

J'inspire fortement, cache ma main tenant le couteau derrière mon dos et attend que l'un d'eux frappe à la porte.

Quand j'ouvre, je n'attends rien d'eux, je plante avec rapidité le couteau dans le cou du premier, évite la frappe du second qui tente de sortir son arme. En vain. J'ai ressorti le couteau du cou de son acolyte pour le planter lui aussi d'un coup sous le menton. Pour lui, le coup porté est fatal, malheureusement pas pour l'autre qui dans un geste désespéré en se vidant de son sang, m'agrippe la cheville pour me faire basculer. Je tombe à genoux, récupérant une fois encore le couteau et je me jette sur l'homme en lui plantant avec toute ma force la lame dans la poitrine.

C'est terminé. Ils sont morts mais il y a du sang partout, sur moi compris.

J'enlève une dernière fois le petit couteau de cuisine et l'observe. Efficace et solide. Je souris un instant avant de vite me mettre à tirer le premier corps vers la cabane à outils. Je fais de même avec le deuxième, plus lourd mais la peur de me faire surprendre et l'adrénaline ont raison de moi, je suis plus forte à cet instant.

Je tire le tuyau d'arrosage et avec rapidité, je nettoie le devant de l'entrée. Heureusement qu'il pleut ! Le sang disparaît vite.

Dans la cabane à outils, je prépare mon matériel. Tout est organisé, coordonné dans ma tête, je l'ai déjà fait, je suis prête. J'enfile une tenue et j'installe une grande bâche au sol et sur les côtés, fixée à des petits crochets presque invisible à qui ne sait pas que je les ai mis là. Je tire les corps dessus. Je vide les poches des hommes, les déshabille rapidement du mieux que je peux et je mets la tronçonneuse en marche.

À ce moment-là, plus rien ne peut m'arrêter. J'ai la rage contre eux, contre ceux qui me cherchent, contre ceux qui peuvent faire du mal à ma famille. Le bruit des os qui se brisent, le sang qui gicle sur mon visage ne stoppent pas ma haine.

Je rassemble les morceaux de corps dans la brouette et je file à toute allure vers les toilettes sèches au fond du jardin où personne ne va. C'est mon coin, ma petite zone à moi. J'ouvre la porte en bois et je déverse les morceaux de corps dans ce qui fut l'emplacement de la cuve de récupération des excréments, une fosse qui me sert de zone de nettoyage. Je finirai le boulot demain, d'abord, je dois m'occuper de la voiture.

Je gare la berline dans la grange à foin, je la passe en revue et récupère tout ce que je peux. Un téléphone portable qui traîne, une arme et une boîte de balles, des papiers, je cours une fois de plus tout jeter dans la fosse. Je cache le véhicule sous une bâche et je dispose rapidement des petites bottes de pailles dessus, espérant que Tom ne vienne pas fouiner ici. Je n'ai pas encore d'idées de comment me débarrasser de cette voiture ! L'année dernière, les quatre autres qui sont venus, c'était pendant la foire agricole alors j'ai eu du temps pour payer gracieusement un dépanneur et il est venu prendre la voiture sans poser de questions. Dix mille euros en cache, ça vaut bien un silence.
Mais là, qu'est-ce que je vais faire de cette voiture ?
La moto des deux serbes, elle aussi était facile à faire disparaître.

Je retourne dans la cabane à outils, je nettoie les tronçonneuses et la brouette, je cache la bâche, je la laverai plus tard avec ma tenue, je fourgue tout dans un grand coffre en bois que Tom n'utilise jamais. Demain, j'ai encore du nettoyage à faire si je peux.
Dans le baby-phone, j'entends les pleurs d'Anna. Je n'ai plus de temps. Je prends vite faite le couteau qui traîne sur l'établi, et je vais mettre deux croix derrière l'armoire et la date que je grave sur le bois.
Onze croix en moins de deux ans. Ils savent où je suis. Maintenant, plus de doute. La fosse sous les toilettes sèches risquent de ne plus suffire à cacher mes cadavres. Deux russes, deux serbes, quatre italiens, et un espagnol. Bon lui, malheureusement, j'ai un doute. J'ai peur d'avoir tué un simple ouvrier agricole qui venait chercher du travail à la ferme. Il avait une sale gueule, il n'a pas su s'expliquer, je l'ai buté comme les autres. Mais j'ai beaucoup cogité, je crois qu'il était peut-être innocent. Dommage collatéral. C'est comme ça. Je ne peux pas me permettre de trop réfléchir, et encore moins d'être gentille. J'ai une famille à protéger. Un secret à garder.

Je cours et entre dans la maison. Je lave mes mains et mon visage recouverts de sang. Je me change. Pas de marques de blessures, ni sur mon visage, ni sur mon corps. Finalement, je n'ai pas trop perdu mes capacités. Je me regarde dans le miroir.

– Ça va aller Nina, dis-je en polonais, ma langue maternelle.

Et puis, je vais prendre dans mes bras le deuxième amour de ma nouvelle vie, ma jolie Anna, je vais m'occuper d'elle et cuisiner aussi un bon repas pour mon premier amour qui ne va pas tarder à rentrer.



---------------------

Blyat ! (putain en russe)

NINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant