Chapitre 19

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Mon abruti d'avocat commis d'office m'explique que je vais être transférée dans une prison. Il me demande de lui expliquer les meurtres des hommes dans mon jardin. En fait, ils me prennent pour une tueuse en série. N'importe quoi.

- Je suis Nina. La pute des clans. Pute en Russie, pute en Espagne, pute aux States. La pute internationale ! Je suis LA pute. Et j'ai tué plus d'hommes que les neuf connards qui gisent dans mon jardin. Bien plus. Et même beaucoup d'un seul coup, dis-je en riant.

Voilà, c'est fait, je deviens folle. Je ris toute seule en passant à ma vie de merde.

- Je ne comprends pas, me dit mon avocat avec sa tête drôle à mourir.

- J'ai été une pute depuis l'âge de six ans. Le signe là (je lui montre mon poignet) c'est l'infini. J'appartiens, j'appartenais à un homme qui a fait de moi une pute. Un bébé pute. Puis une ado pute, puis une femme pute. J'ai été placée, vendue, achetée, violée, par plusieurs hommes, plusieurs clans. La mafia ! Ça vous parle ce mot ? Mafia ! Pègre. Des trafiquants d'armes, de drogue, d'humains, de tout en fait. Et moi, j'en ai tué plein de ces mafieux. Pleins ! Alors oui, ils veulent tous me tuer. J'ai cru pouvoir me cacher, j'ai surtout bêtement cru qu'ils avaient tous lâché l'affaire. Nous étions à égalité. Ils avaient volé ma vie, je me suis vengée, j'ai volé la vie de certains des leurs. Mais non. Ils me veulent. Et ma mort va être douloureuse, je le sais. Mais je veux que mon mari et ma fille soient protégés. Ma fille ne doit pas tomber dans les mains de ces porcs. Et vous, vous allez crever aussi. Tous ceux qui me collent de trop près.

Mon avocat me fait les gros yeux. Il se lève de sa chaise posée en face de ma banquette dans ma jolie cellule grise, blanc comme un linge.

- Vous êtes folle. Vous vous prenez pour un personnage de film d'action ?

- Et vous, vous êtes con. Qu'est-ce qu'il y a d'impossible à croire dans mon histoire ?

- Tout. La mafia et tout ça ! C'est dans les films ! Enfin un peu en Italie aussi...

- Non, c'est la vraie vie. Celle que vous ignorez, car ça arrange tout le monde de fermer les yeux sur les atrocités vécues par d'autres humains dans le monde. On est mieux dans son canapé hein ?

- Et si je vous crois, il se passe quoi ?

- Rien. On va tous mourir.  L'infini. Ça veut dire pour toujours, à jamais.

- De quoi vous parlez ?

Il se dirige vers la porte et frappe pour qu'on lui ouvre. Il est toujours aussi pâle. Il est à deux doigts de se faire dessus. S'il ne me croit pas alors pourquoi a-t-il peur ce con ?

- Laissez-moi sortir de là, elle est timbrée, dit-il au gendarme qui ouvre la porte. Ce n'est pas la prison qu'il lui faut, c'est l'asile !

NINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant