Chapitre 6

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Ma nuit a été agitée. La petite Katarina Olinsky est venue me hanter. Je dois absolument me débarrasser de la voiture. C'est une question de survie.

- Bonjour ma chérie, me dit mon Tom en déposant des baisers sur mes épaules nues.

Nous avons encore fait des folies hier soir, j'avais besoin de me perdre dans ses bras. J'avais besoin de me sentir aimée et d'aimer. J'ai peur d'oublier les deux.

- Bonjour mon bel amant.

- Faudra rien dire à ton mari, me dit-il en venant se mettre sur moi.

Je sais ce qu'il veut, et je lui donne sans retenue. Je suis follement amoureuse. Je ferai tout pour lui et pour notre fille. Je fais tout pour leur épargner ma vie d'avant. Mais si un jour, le passé me rattrape, que ce passera-t-il ? Est-ce que Tom m'aimera encore ?

Il me fait l'amour avec envie, mais en douceur. Mon homme est une force de la nature avec un cœur de tendre.

- Peut-être qu'il lui faudra un petit frère à Anna, non ? Me demande-t-il en étant encore en moi.

- C'est une proposition ? Lui dis-je en riant quand il me mordille le cou.

Et puis, on entend frapper fortement à la porte d'entrée. Mon cœur s'arrête de battre. Est-ce encore eux ?

- C'est quoi ce bordel ?

Tom s'habille rapidement et quitte la chambre, j'en fais de même. Je jette un œil à la chambre d'Anna, elle dort encore paisiblement, je rejoins Tom en bas des escaliers, il a ouvert la porte. J'aperçois Paul derrière deux gendarmes que je ne connais pas. Merde, que se passe-t-il ? Les trois hommes me dévisagent.

- Il se passe quoi là ? Demande avec colère mon Tom.

- Je suis désolé, soupire Paul.

- Katarina Olinsky ? Me demande l'un des deux gendarmes.

Thomas me dévisage. Et c'est la première fois de ma vie où je ne sais pas quoi faire ni quoi dire. Je me sens prise au piège. J'ai peur. Peur de perdre le bel homme en face de moi, et la petite fille qui dort tranquillement en haut.

- Non. Je suis Marie Desforges. Née Lefranc. Marie Lefranc.

D'un coup, j'aperçois que derrière les trois hommes devant l'entrée, il y a trois camionnettes de la gendarmerie et des hommes éparpillés dans la cour de la ferme. Mon cœur s'accélère.

- C'est ma femme, putain ! Crie Tom aux gendarmes qui le bousculent et entrent dans la maison. D'autres s'engouffrent rapidement.

- Notre fille dort dans sa chambre, osé-je dire quand j'en vois un monter les escaliers. J'allais partir avec lui quand un autre me retient.

- Putain Paul ! Il se passe quoi ? Vocifère Thomas avant de me regarder. Marie ?

- On a trouvé la voiture dans la grange ! Crie un homme dehors.

Thomas a le visage qui devient blanc comme la neige. Paul, son ami d'enfance, pose délicatement la main sur son épaule et l'entraîne vers notre cuisine. Thomas ne me quitte pas des yeux. Nous voilà assis autour de la table. Il y a à peine quinze minutes, nous faisions l'amour, on s'aimait. Son regard à cet instant est rempli d'incompréhension et de colère.

- Êtes-vous la femme sur cette photo ? Me demande un gendarme en me tendant ladite photographie de moi sur laquelle je dois avoir vingt-ans peut-être. J'avais encore ma vraie couleur de cheveux, blond caramel. Je la prends et de suite, je remarque que derrière il est écrit à la main « Katarina Olinsky = Marie Lefranc ».

Dans ma tête, tout doit aller très vite. Je dois réfléchir plus vite et voir plus loin que les gendarmes, plus vite et deviner ce que les autres vont faire. Revient Nina. Reviens, dis-je à ma conscience.

- Comment avez-vous eu cette photo ? demandé-je.

- C'est moi qui pose les questions. Répondez à la mienne, me dit le gendarme vexé.

- Non, répondez-moi et je vous dis ce que vous voulez savoir. Comment avez-vous eu cette photo ?

- Une lettre postée à la gendarmerie.

C'est eux. C'est un piège pour me faire sortir de mon trou. Ils savent que j'élimine tous ceux qu'ils osent mettre sur mon chemin. Ils savent où je suis, ils me veulent.

Je regarde Thomas qui est sous le choc et qui me dévisage comme jamais. Et notre fille se met à pleurer et cela m'arrache littéralement le cœur. Les larmes envahissent mes yeux.

- Je te demande pardon, Tom.

Et je regarde le gendarme.

- Je suis Katarina Olinsky. Et je demande la protection de mon mari et ma fille.

- Hein ? Me demande le gendarme surpris.

- Vous devez protéger mon mari et ma fille. Les personnes qui ont envoyé cette photo vont venir. Je ne sais pas quand, mais ça risque d'être rapide et vous n'êtes pas de taille à les recevoir.

Je vois bien qu'il ne m'écoute pas. Thomas s'est levé pour aller chercher notre fille qu'il refuse de me donner quand il revient. La douleur en moi est immense.

- Où sont les hommes de la voiture ? Qui sont-ils ? Le gendarme me questionne, je ne vois que mon Tom et ma belle Anna dans ses bras. Ma vie, ma famille.

- Ils sont morts d'accord. Morts et enterrés, dis-je en m'énervant un peu.

Thomas est sous le choc de mes paroles. Paul aussi.

- Écoutez. Je dirai tout ce que vous voulez entendre, tout, mais pitié, amenez mon mari et ma fille loin d'ici. Très très loin. Je vous en supplie.

Je pleure sincèrement et fortement aussi. Une première depuis longtemps. Je veux les sauver, ils sont tout pour moi. Je dois les protéger. Je me jette sur les mains de Paul sur la table.

- Paul, je t'en prie, amène Thomas et Anna loin d'ici, je t'en supplie.

- Mais qui es-tu ? Me demande mon mari. Qui es-tu ?

NINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant