Chapitre 9

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Luba me met de force sous la douche pour enlever le jus de sucette qui me colle au ventre. Elle est fâchée, mais pas contre moi pour une fois. Elle est en colère contre le gros monsieur barbu qui m'a voulu dans son lit avec Betty. Il fallait que je sois sage, nue sur le lit à les regarder et après quand il a fini de faire crier Betty, il a frotté sa sucette et le jus est tombé sur mon ventre, pas dans ma bouche comme il voulait. Mais moi, je n'aime pas le jus de sucette, c'est dégoûtant. Alors il m'a prise sur ses genoux et il a frappé mes fesses avec force. Il a utilisé un petit fouet et je saigne maintenant. Ça brûle beaucoup, ça fait très mal.

Yegor, le chef de la maison des filles, entre dans l'appartement de Luba, il est aussi très fâché. Il hurle en russe et Luba lui répond.

- Non, mais regarde ce qu'il lui a fait !

Luba me tire de sous la douche, me tourne avec violence pour montrer mes fesses à Yegor.

- Elle ne va plus pouvoir s'asseoir pendant un bon moment ! Je perds du fric, tu perds du fric !

- Pour l'instant, c'est sa bouche que l'on vend, alors détends-toi Luba.

Finalement, je suis resté quatre jours chez maman Luba. Elle m'a fait du chocolat chaud et j'ai mangé des biscuits à la cannelle. J'aime bien les biscuits à la cannelle. Ça sent Noël. Luba m'a mis de la crème sur mes fesses, plusieurs fois par jour. J'ai beaucoup pleuré.

Betty m'aide beaucoup à apprendre l'anglais. Elle me force tous les soirs à lire des petits livres qu'elle a achetés. Elle me gronde beaucoup aussi si je fais mal les petits devoirs qu'elle me donne. Mais le soir, je suis fatiguée. J'ai sommeil et je pleure beaucoup. Maman me manque. Ma poupée aussi. Souvent avant de m'endormir, je chantonne doucement la berceuse que ma maman me chantait :

« Tous les enfants sages
Sont endormis depuis longtemps,
La bonne fée leur raconte l'histoire
Qu'ils vont rêvant. »

Aujourd'hui, c'est Noël, car Luba m'a habillée avec un chapeau et une robe de Noël. Il n'y a pas de sapin dans la maison des filles. Juste que toutes les filles sont habillées en mère Noël, mais les robes sont courtes.

- Chambre 10, amène Nina avec toi, dit Luba à Tatiana.

Tatiana me prend la main et nous allons dans la chambre où nous attend un grand monsieur qu'elle déshabille en riant bizarrement comme le font toutes les autres filles. Je ne comprends pas pourquoi elles rient toutes de cette manière.

- Tu as quel âge, me demande l'homme en anglais.

- Huit.

- Tu es très jolie, dommage que tu n'es pas de poitrine ! Dit-il en poussant Tatiana à quatre pattes sur le lit.

- On va s'amuser avec des jouets, c'est Noël ! A crié le monsieur en souriant et en ouvrant une valise pleine de jouets pour grands.

Et puis, il y a eu des coups de feu. Je connais ce bruit. Papa tirait parfois sur des cibles avec ses hommes dans le sous-sol de notre maison. Il y a beaucoup de cris et encore des coups de feu rapides. Je me cache sous le lit, juste avant que la porte s'ouvre et que les coups de feu me fassent faire pipi sur moi. Le grand monsieur est tombé tout nu sur le sol, je vois ses yeux grands ouverts et du sang qui sort de sa bouche. Tatiana a crié puis elle n'a plus rien dit. J'observe les pieds des hommes qui sont entrés dans la chambre, ils bougent beaucoup, ils parlent une langue que je ne comprends pas. Encore des coups de feu, des cris, des pleurs. Je sanglote sans pouvoir me retenir quand je sens une main me tirer le bras et me sortir de sous le lit. L'homme me scrute un instant avec ses yeux noirs. Il me parle, je ne comprends pas.

- Qui es-tu ? Me demande-t-il dans un très mauvais russe.

Il m'entraîne avec lui. Je dois enjamber des corps, je reconnais celui de Ninel, de Betty et même celui de Luba dans les escaliers. Yegor est à genoux dans l'entrée de la maison, il me regarde et sa tête explose en projetant du sang sur moi. Les hommes rient. Je crie et je pleure. On me jette dans une voiture, puis je prends encore un avion avec des hommes que je ne comprends pas.

L'homme aux yeux très noirs vient me voir et me sourit.

- Tu vas aimer l'Italie, il y a de bonnes glaces ! me dit-il en russe.

Il parle aux autres hommes qui se mettent à rire.

- Tony va t'adorer joli petit lutin de Noël, soupire-t-il.

C'est ainsi que je me retrouve toute nue dans une baignoire d'une belle maison décorée pour Noël. Une femme me lave et me parle, mais je ne comprends rien. Elle me sourit. Elle est belle avec ses longs cheveux noirs, ses yeux sombres.

- Olivia. O-li-via.

Elle se touche du doigt sur la poitrine puis me touche.

- Nina.

Elle sourit et parle encore. Elle parle beaucoup sauf que je ne sais pas ce qu'elle dit à part « Nina » dans ses phrases. Elle m'habille enfin comme une petite fille avec une robe à ma taille et elle me coiffe les cheveux qu'elle n'arrête pas de toucher en disant des choses.

Ensuite elle m'amène dans une grande cuisine où elle me donne à manger sous le regard d'autres personnes. Des hommes, des femmes tous habillées pareil. J'entends mon prénom, mais c'est tout. Je mange, j'ai faim.

Olivia s'occupe de moi et le soir, elle me conduit dans une grande salle où mangent des hommes et quelques femmes. Elle m'amène directement vers l'homme en bout de table qui porte une belle chemise noire.

- Nina.

Voilà ce que je comprends quand le monsieur me regarde. Il parle à Olivia, peut-être à moi aussi et aux autres personnes autour de la table.

- Nina ! dit-il en levant son verre de vin.

Je ne sais pas si c'est Noël. Peut-être. Il y a une fête dans la maison et j'entends rire et courir des enfants, mais je n'ai pas le droit d'aller avec eux. J'ai essayé d'aller jouer, mais on m'a grondé et puni. Olivia m'a mis une jolie robe et un ruban dans mes cheveux. Nous traversons la grande salle où beaucoup d'adultes parlent fort. Ils sont tous beaux, les femmes ont de belles robes. Des enfants me regardent, je leur souris, peut-être que je vais avoir une nouvelle maman ? C'est beau ici, j'aime bien.

Sur des fauteuils très beaux, il y a des hommes assis, dont celui du verre de vin. Il me regarde et sourit quand il me prend le bras et me tire vers lui. Il me tourne vers un autre homme, plus vieux, plus moche, plus gros.

- « Oncle Tony ».

Je ne comprends que ce prénom. C'est lui l'homme moche. Il me regarde de la tête aux pieds. Il a un vilain sourire. Il parle, les autres se mettent à rire. L'homme au verre de vin remonte la manche et montre le huit bizarre. Tout le monde rit, je sens venir les larmes. Ils se moquent de moi. Je regarde Olivia qui fait une légère moue avec sa bouche. Je n'ai pas de cadeau à Noël. Je suis le cadeau. J'ai compris.

- Potseluy moyu zhopu ! dis-je en russe à Tony qui me serre le bras et tous se marrent.

Je connais de gros mots maintenant, Luba en disait beaucoup. Pas certaine que quelqu'un est compris.

J'ai effectivement été le cadeau de Noël d'oncle Tony. Il m'a violée ce soir-là, car je ne voulais rien faire avec lui. Il m'a frappée, violée encore et encore, et il a joué avec mon petit corps. J'ai cru mourir. Peut-être suis-je un peu morte ce jour-là ?



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Potseluy moyu zhopu ! : insulte russe « Va te faire foutre »

NINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant