Chapitre 27

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Depuis plusieurs mois, je vis dans un appartement, je mène une vie à première vue normale, en Italie. Seulement, mon appartement est devenu rapidement un refuge, puis un centre d'organisation presque terroriste.

J'ai encore tué, j'ai vengé, et surtout j'ai libéré plusieurs des enfants de l'infini, des adultes avec la même marque que moi au poignet. Parmi eux, trois m'ont suivi et squattent désormais mon appartement. Paolo, Zed et Mily.

J'ai bientôt vingt-quatre ans. Je n'ai jamais revu Eichi, ni papy. Mais je sais que papy me surveille. Il attend que je tienne ma promesse.

- J'ai fabriqué ce que tu m'as demandé, me dit Paolo, le visage meurtri par le SIDA qui le ronge et qui le tue depuis plusieurs semaines. Il arrive à la fin, je crois.

- Ça ne marchera pas, répète inlassablement Zed en tournant en rond, le corps plein de nerfs.

- Ça marchera. Je suis Nina.

Je prends les boules de geisha dans ma main et observe le fil de nylon qui les relit l'une à l'autre.

Il y a plusieurs mois, Mily s'est portée volontaire pour une soirée organisée dans la famille d'oncle Tony. Elle a accepté d'être le jouet d'un soir lors de cette foutue soirée pour obtenir des informations. Nous savons qu'oncle Tony a eu peur après la mort d'Olivia. Il fait installer des portiques partout, y compris à l'entrée de sa chambre à coucher et partout où il se déplace. Je ne peux donc pas y aller avec une arme conventionnelle, mais l'idée m'est venue. Je suis une pute, mon arme, c'est mon corps, c'est le sexe. Et c'est mon vagin, à l'intérieur duquel il a été introduit des tas de choses depuis mon enfance qu'aujourd'hui, j'y mets mon arme.

- Tu es folle Nina et ce type est odieux, je l'ai vu maltraiter les autres filles, des gamines ! Pleure Mily.

C'était sa mission de trop. Elle a voulu m'aider, mais je sais qu'elle se laisse mourir. Elle ne mange plus, elle se drogue beaucoup. Elle a des tics. Elle s'arrache les cheveux et les ongles des pieds. Et puis, elle aussi a le sida. Il n'est pas encore réveillé, comme elle dit, il attend, vicieusement dans son corps, et bientôt, il viendra la détruire.

- Je dois réfléchir comment vraiment tuer cet enculé, dis-je sûre de moi.

- C'est une pure folie Nina... marmonne Zed.

- T'es folle, t'es complètement barrée ! hurle Mily.

- Je vais faire ce pour quoi je me prépare depuis des années : tuer oncle Tony, après, je m'occupe des japonais. Et enfin, je tue l'homme aux cigares.

- C'est du grand n'importe quoi, soupire Paolo. C'est impossible.

- Pas pour moi. Mais bon sang, regardez-nous ! Nous avons réussi à survivre dans ce putain d'enfer ! Et vous savez que nous ne pourrons pas vivre encore longtemps, nous sommes malades, dérangés, drogués, on va crever de toute manière ! Alors faisons ce qui est juste : nous venger.

- Tu peux avoir une vraie vie ! Me crie Mily. Tu n'es pas malade, tu n'es pas complètement folle. Vis Nina, vis !

- J'ai un contrat à exécuter, sans cela, papy me tuera. Il le fera, je le sais. Il me surveille.

- Alors tue les Japonais et pars faire ta vie au soleil ! Supplie Mily.

- Non. Oncle Tony d'abord, puis les Japonais et l'homme aux cigares et seulement après, je deviendrais Marie Lefranc et j'irai vivre à Paris !

Ma haine est si grande qu'elle me donne une force mentale et physique incroyable. Je n'ai plus peur. Je n'ai plus de larmes. Je suis Nina la pute tueuse. Je suis là où je dois être. Je le sais. Je sais ce que je dois faire et comment. Je vois loin maintenant. Papy m'a appris à voir loin. Tony est déjà mort dans ma tête, mais je voie bien plus de morts, beaucoup de morts. Une idée vient de germer : tuer le plus de salopards possible en un minimum de temps.

Je souris bêtement à mon idée. Je sais comment faire cela, mais d'abord, je dois leur donner l'envie de me pourchasser, de me tuer. Je veux que les clans aient peur de moi, je veux foutre le bordel.

- Allons tuer oncle Tony, souffle Paolo en me voyant sourire.

NINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant