Chapitre 18

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Je suis au Japon et j'ai une chambre. Une belle chambre. Pour moi toute seule. Il y a peu de meubles, mais ils sont remplis de vêtements et accessoires, pour moi, à moi. J'ai de jolies tenues. Certaines sont traditionnelles du Japon, d'autres modernes. J'ai un jeans avec des tee-shirts, des pulls, incroyables ! Et des paires de chaussures différentes et même des sacs à main !

J'ai des produits de beauté et surtout, j'ai Michiko. C'est une dame de cinquante ans environ, les cheveux noirs tirés en chignon où pas une mèche ne se rebiffe. Elle porte des kimonos fleuris d'une beauté jamais vue, avec toujours une veste haori. Elle m'a tout expliqué. Que c'est magnifique !

Michiko m'aide et fait tout. J'ai l'impression d'être une princesse et d'avoir une servante. L'idée est à la fois magique et aussi dérangeante. Ça fait un peu esclave quand même. J'essaie d'être la plus gentille et respectueuse possible avec Michiko, mais parfois mon caractère prend le dessus et je deviens une jeune fille de quinze ans complètement folle. L'adolescence... je la retrouve un peu depuis trois semaines. Je ne suis pas libre d'aller où je veux dans ce grand palais. C'est une maison, mais elle est tellement grande que pour moi, c'est un palais. Et que dire des jardins ! Michiko et moi, nous nous promenons tous les jours, même quand il pleut. J'adore le paysage, les arbres, les fleurs... tout en fait. Et la nourriture ! Un délice. Je suis au paradis.

Une femme médecin s'est occupée de mes blessures et mes bleus s'estompent vite.

Aujourd'hui, je sors. Papy m'emmène déjeuner dans un lieu magnifique. Mais bon, tout est magnifique ici alors, je vais vite être à court de synonymes !

Nous mangeons à genoux dans une pièce magnifiquement décorée (encore magnifique!). Avec nous, il y a Michiko qui se tient toujours à l'écart et courbée en présence de papy et une autre femme. Mon Dieu qu'elle est belle ! Papy a dit : c'est une geisha. Elle joue d'un instrument de musique, papy a dit « shamisen ». Moi, je vois une drôle de guitare.

La geisha et papy tiennent une conversation en japonais que je ne comprends forcément pas. J'observe la jolie femme. Sa droiture, son maquillage, son léger sourire, ses beaux habits, sa façon de tenir les objets. Quelle beauté !

Dans l'après-midi, nous sommes allés dans un temple où papy a prié et nous avons marché et dialogué en anglais.

- Une geisha est considérée en occident comme une prostituée, m'explique papy.

- Quoi elle ? Une pute ?

Papy sourit légèrement. Michiko nous suit toujours en silence.

- Il va falloir travailler ton langage et ta tenue jeune demoiselle.

- Oh. Pardon, dis-je gênée.

- Mais une geisha est une femme d'arts. Elle doit savoir communiquer, divertir, servir et pour cela elle apprend pendant des années. D'abord Maiko, jeune apprentie, elle devient geisha quand elle a acquis beaucoup d'expériences.

- Mais alors pourquoi on dit que c'est une prostituée ?

- Parce qu'elle est entretenue par ses gros clients. Des hommes paient pour sa compagnie à un repas, une balade et plus parfois. Elle ne gagne pas forcément de l'argent. Elle a des cadeaux. Des vêtements, des meubles, et parfois même un logement. Et elle est entretenue par ses clients favoris. Tu comprends ?

- Oui je crois. J'aurais aimé être une geisha ! dis-je enjouée.

Franchement, être une pute de luxe, ça m'aurait plus. Enfin pas que j'aime être une pute, mais vu que je n'ai jamais eu le choix, j'aurai préféré être une prostituée de luxe. Par contre, cette conversation avec papy est étrange.

NINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant