Chapitre 35

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Tom et moi n'avons pas fait beaucoup de kilomètres que nous sommes contraints de stopper notre voiture. Des véhicules ont surgi de nulle part et nous tiennent en étau. Comment n'ai-je pas pu les voir ? Nina, tu as perdu tout ton instinct ?! Hurle ma conscience.

– Je suis désolée...

Je ne peux que soupirer toute ma douleur à mon mari dans un mélange de larmes et de sentiments d'abandon. Il souffle fortement, complètement abattu lui aussi par la situation, puis il me regarde.

– Ils vont tuer Anna aussi ?

Un homme armé vient taper à la fenêtre de notre voiture en pointant son arme sur nous. D'autres nous encerclent et je distingue enfin leurs profils. Un sentiment de peur mêlé à un léger soulagement m'envahit. Ils sont asiatiques. Eichi ?

Tom est sous le joug d'une arme quand je prends Anna dans mes bras et le rejoint sous les regards des autres hommes. Je ne sais pas quoi dire, ni quoi faire, je suis désemparée. Le silence me semble interminable quand une femme en tailleur noir sort d'un véhicule et nous rejoint.

– Mademoiselle Nina, me dit-elle en anglais en s'inclinant. Monsieur Kitano nous a demandé de venir vous chercher, vous et votre famille, pour vous conduire à l'aéroport.

Je ressens un immense soulagement, enfin je crois. Comme délivrée de presque toutes mes peurs. Je prends instinctivement la main de Thomas et je l'entraîne à suivre la femme jusqu'à son véhicule. L'ambiance est étrange.

– Ne craignez rien pour votre fille, s'adresse-t-elle à Tom le voyant serrer Anna contre lui.

– Il ne parle pas anglais, dis-je.

– Monsieur Kitano a tout prévu pour vous et votre famille. Dans l'avion, il y aura de quoi changer et nourrir votre enfant, ainsi que vous et votre mari. Est-ce bien votre mari ? Ose-t-elle me demander plus discrètement.

– Oui ... enfin je crois.

Mon cœur est tellement meurtri par tout ce qui nous arrive que je ne sais plus du tout où j'en suis. J'ai envie de pleurer, mais aussi d'éclater de joie, d'embrasser Tom, mais aussi revoir Eichi, et surtout de prendre ma fille dans les bras, de jouer avec elle, sans ressentir aucune peur. Je me tourne vers Thomas et lui explique ce que vient de me dire la jolie jeune femme qui nous sourit. Il opine du chef tout en gardant un regard sombre.

Combien de fois Eichi m'a sauvé la vie ?

NINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant