Je me réveille dans la cellule de la gendarmerie, la tête encombrée par des souvenirs et des pensées embrouillées. On m'apporte un café et une brioche, mais surtout j'entends des voix et l'une d'entre elles est celle de Thomas. Je me lève de la banquette et je vais cogner de toutes mes forces à la porte.
- Thomas ! Thomas !
Un petit moment s'écoule quand enfin, j'entends la voix de Thomas derrière la porte. Je donnerai tout pour le voir, le toucher, me jeter dans ses bras forts. J'ai tellement besoin de lui en fait. Je me sens de plus en plus fragile. Je perds pied.
- Tom ?
- Oui.
- Comment va Anna ? Où est-elle ? Pourquoi tu es encore là ? Tu dois partir !
Je m'embrouille, j'ai tant de choses à dire et à savoir. Et puis, je craque, je me mets à pleurer et je tombe à genoux contre la porte.
- Je suis désolée Tom. Pardon...
- Anna est chez Paul et Aurélie. J'ai passé la nuit à répondre à des questions. J'ai même un avocat qui vient d'arriver. Je ne comprends rien à ce qui arrive... Je suis perdu, soupire-t-il d'une voix que je ne lui connais pas.
Je m'en veux à mort de lui faire du mal. Je ne me pardonnerai jamais de le faire autant souffrir. Je croyais quoi en l'épousant et en ayant un bébé avec lui ? Que j'allais être heureuse ? Foutaise Nina. Tu ne peux pas être heureuse ou alors peu de temps. L'enfer te rattrape tout le temps, rappelle-toi.
Sauve-le Nina, tu peux encore le sauver, lui et ta fille et mourir tranquille.
Je me redresse et je me colle à la porte.
- Tom. Tu dois aller dans la chambre d'Anna dans son placard mural, en bas au fond derrière une boîte fleurie, dans le mur, il y a un téléphone et une arme, dis-je à voix basse. Charge le téléphone et appelle le numéro qui est scotché dessus. Ensuite tu donnes les chiffres qui sont écrits dessous. Il faut les donner en anglais, tu peux le faire ?
- De quoi tu parles encore ? Tu as tué des hommes, tu les as découpés en morceaux ! Et toi, tu pleurais, car Louis envoyait ses veaux à l'abattoir !
- Les veaux étaient innocents. Les hommes que j'ai tués voulaient nous tuer. Toi, Anna, moi. Je ne laisserai jamais personne vous faire du mal. Jamais.
- Tu nous fais du mal Marie. Non. Marie est fausse. Je ne sais même pas qui tu es.
- Katarina Olinsky. C'est mon nom de naissance. Marie est le prénom d'une petite fille que j'ai brièvement connue et qui est morte, comme mes parents, comme trop de gens innocents. Comme Lefranc, un des rares hommes a avoir été gentil avec la petite fille que j'étais. Voilà qui est Marie Lefranc.
- Je suis perdu putain, dit-il en pleurant.
- Tom, le téléphone. Fais-le. Une personne, certainement un homme te donnera des coordonnées en anglais aussi. Note-les bien et rentre-les dans le GPS de la voiture et avec Anna rends-toi sur les lieux. Des hommes vous sauveront. Fais une valise avec des vêtements pour Anna et toi. Fuyez pour l'amour du ciel, Tom, fuyez ! Je t'en supplie mon amour, fais-le. Je t'aime Tom, j'aime notre fille, j'aime ce que tu m'as donné. Tout ce que tu m'as donné, tout ce bonheur. Je t'aime.
- Moi, je ne t'aime plus. Tu nous as fait trop de mal. Tu as tué des hommes, chez nous, est-ce qu'Anna était là quand tu les découpais ?
Les mots qu'il prononce sont douloureux comme jamais. Mais je dois sauver mes deux amours. Je vais crever de toute manière, ils vont me trouver et me faire la peau et ma mort sera certainement lente et douloureuse. Mais je veux bien mourir si mes deux amours sont sains et saufs.
- J'aurais aimé tout te dire. Mais c'était impossible. Tu ne m'aurais jamais aimé si tu avais su qui j'étais, si tu savais qui je suis vraiment. Je te dégoûterai.
- Tu me dégoûtes déjà. Tu as tué, tu m'as menti, tu as tout détruit. Je ne pourrai jamais te pardonner. Adieu Marie ou Katarina ou je ne sais qui.
Sa voix se noue, il se gratte la gorge et puis c'est le silence. Je pleure comme une folle. J'ai tout perdu, mais je dois rester forte. Je dois sortir d'ici et les protéger. C'est mon devoir.
VOUS LISEZ
NINA
General Fiction"Kocham cię" répétait ma maman pendant que je la regardais mourir. Papa aussi a brûlé dans les flammes de l'enfer. J'avais 6 ans. Et puis, ILS ont fait de moi un objet. ILS m'ont tout pris, mon enfance, ma dignité, mon nom... ILS pensaient que j'al...