Chapitre 37

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À l'aéroport de Marseille, un jet privé nous attend comme convenu. Un peu penauds, Tom, notre fille et moi montons à bord, suivi par quelques membres du clan d'Eichi, dont la femme en tailleur.

– Himari et je suis à votre service, Mademoiselle Nina, finit-elle par me dire quand nous nous installons.

Une fois en vol, nous avons la possibilité Tom et moi de nous rafraîchir à tour de rôle, de prendre soin d'Anna et de déguster un repas digne des rois. Tom est toujours sur ses gardes, silencieux, observateur. Pourtant, une fois assis l'un en face de l'autre pendant que notre fille s'amuse avec Himari, il ose prendre la parole.

– Alors les marques sur ton corps ne sont dues à un accident de voiture ?

– Non. Des blessures. Des coups, des balles.

– Et le signe de l'infini sur ton poignet n'est pas une bêtise d'adolescente qui voulait se faire un tatouage ?

– Non. C'est la marque des enfants dont les parents ont trahi les clans. Mon père était un mafieux polonais. J'ai payé pour ses choix. Ma mère aussi. Elle s'appelait Anna. Ils ne tuent pas les enfants, ils les offrent en pâture pour accroître leur puissance et la peur. Il n'y a plus de frontières, les enfants sont tous marqués et éparpillés à travers le monde. Tout le monde doit les voir. C'est le code, c'est ainsi.

– On va où là ?

– Au Japon. Dans le clan japonais dirigé par Eichi Kitano.

– Et c'est qui lui pour toi ? Pour venir te sauver, pour tout ça ! Dit-il vexé en me montrant l'intérieur du jet, et puis il se reprend. Non, ne dis rien. Je préfère ne pas savoir.

Je me penche vers lui essayant de prendre ses mains, mais il me repousse.

– J'ai été sincère avec toi depuis le premier jour où on s'est rencontrés sur cette route. Je devais aller faire ma vie à Paris, j'avais rêvé de tout ça, la ville, les boutiques, le bruit des gens. Et toi, t'es arrivé avec ton tracteur et ton terrible sourire et je n'ai plus voulu partir. Tout ça, ce n'est pas faux. Et regarde comme notre fille est magnifique.

Nous nous mettons à pleurer tous les deux, enfin Tom essuie vite ses larmes, il y a du monde autour de nous, alors il tente de garder la tête haute malgré tout, mais ses lèvres sont tremblantes.

– Je n'ai jamais été aussi paumé de ma vie. Je ne comprends rien à tout ce qui arrive, je ne sais pas ce que je dois faire ou pas faire, ni ce que je vais devenir. Je ne sais même pas comment t'appeler ?

– Je ne sais plus non plus comment je m'appelle, dis-je avec sincérité. Je ne sais plus.

NINAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant