Mon Loup (Terminée) EN CORRECTION

Chapitre 41 : Sens

Je courrais comme chaque matin depuis près d'une semaine.
Mes yeux percevaient des choses qui étaient à peine perceptibles avant. Les couleurs étaient flamboyantes.

Je courrais bien plus vite, et ma chevelure s'envolait et virevoltait dans les airs lorsque j'accélérais.

Mon nez me picotait atrocement au début. Je pouvais sentir le parfum de chaque fleur, de chaque feuille, de chaque animal.

Tous mes sens avaient subi une modification, non, une amélioration qui était surprenante et dur à apprivoiser.

Tout était trop fort, tout sentait trop fort, et j'avais l'impression que mon cerveau allait exploser, pris entre un torrent de nouveau sens. 

On faisait la course, mais comme à chaque fois, il disparaissait de son champ de vision, et je le retrouvais sur la ligne d'arrivée, à m'attendre d'un air arrogant. Comme d'habitude, quel crétin. 

La chaleur du soleil éclairait la forêt.  La clarté du jour contrastait avec l'obscurité qui régnait la nuit précédente, mais cela ne diminuait en rien l'intensité de mes nouveaux pouvoirs de loup-garou. C'était juste étrange, j'avais l'impression que mes pouvoirs diminuait durant la journée. 

Mes sens aiguisés me permettaient de percevoir le moindre mouvement dans les buissons et le chant mélodieux des oiseaux dans les arbres. C'était impressionnant, légèrement terrifiant, mais aussi incroyablement satisfaisant. 

Je ressentais une connexion profonde avec la nature, inexplicable, mais elle était là, au fond de moi. J'explorais les environs avec curiosité, faisant face à cette nouvelle journée avec une assurance nouvelle. 

Et Liam, comment lui dire, à quel point j'étais heureux de l'avoir rencontré, à quel point il avait donné un sens à ma vie. Comment le remercier ? 

Mes sens développés me permettaient de repérer facilement les traces laissées par les animaux, leurs empreintes et leurs chemins secrets dans les bois. Je savais que je faisais maintenant partie de cette communauté, de cette symphonie de la vie sauvage. Pourtant, je n'aurais jamais pu tué un animal comme ça...

Alors que le soleil atteignait son zénith, je me reposais à l'ombre d'un grand chêne, mon souffle calme. Liam apparut alors et vient s'asseoir à côté de moi. Sous les rayons du soleil qui dansaient à travers les feuilles des arbres, je le vis, l'homme qui m'avait offert ce don extraordinaire. Il était là, magnifique et charismatique, avec un sourire d'enfant, sûrement parce qu'il était heureux d'avoir gagné la course...encore. 

Il m'avait appris à accepter et à contrôler mes pouvoirs. À présent, il se tenait devant moi, le vent jouant dans ses cheveux bruns, une lueur d'affection dans ses yeux pénétrants.

Le cœur battant dans ma poitrine, je rassemblai mon courage pour lui exprimer ce que je ressentais. Mes mots vacillaient, comme si les émotions déferlaient en moi comme une vague puissante. Je m'avançai vers lui, essayant de rassembler mes pensées.

Mais j'étais trop faible, et sans m'en rendre compte, je pleurais. 

- Depuis que tu es entré dans ma vie, tu m'as fait me sentir tellement bien, comme si la vie que j'avais vécue jusqu'à ici, avant de te rencontrer, n'avait été qu'une perte de temps. Tu m'as sauvé. 

Il passe nerveusement ses mains sur mon visage. 

- Moi le loup-garou, la machine à tuer du gouvernement qui a tué plus de 100 personnes...je t'ai sauvé ? 

Il a l'air surpris, et incroyablement triste. Ses yeux  illuminés d'une triste lueur me forcèrent à continuer. 

- Tu sais que je t'aime, tu m'as touché, mon cœur, mon âme, et puis tu as changé. Et je ne suis même pas sûr de savoir quand, on était juste deux inconnus partageant leurs nuits. Et maintenant, on est deux loups-garous vivant ensemble ici...

Le silence s'installa entre nous, un moment suspendu dans le temps où nos regards se croisèrent, s'imprégnant de cette déclaration sincère. Je pouvais sentir le poids de mes mots dans l'air. Sa réponse aurait pu me briser en morceau. Son sourire s'élargit sur ses lèvres. 

- Si seulement il nous restait l'infini, si seulement on avait plus de temps... C'est quand même incroyable. Tu sais, chez moi, je t'avais acheté un cadeau, je l'ai caché sous mon lit, mais puisqu'on y est pas retourné depuis si longtemps, je n'ai jamais eu la chance de te l'offrir. Il faut vraiment que je te le donne, c'est important. Enfin...pour revenir à notre sujet, j'ai dû mal à voir comment j'ai pu te sauver je ne suis qu'un monstre, et j'aurais dû mourir tout seul, mais maintenant que tu es là, je ne mourrais pas seul, j'aurais quelqu'un à mes côtés. 

- Quand on sera vieux. 

Son regard fixe un arbre, vide, il semble penser à une chose. 

- Oui, il continue, quand on sera vieux. Je suis désolé, il continue, tu m'as fait une belle déclaration, mais maintenant, je n'arrive qu'à penser à la mort. Je crois que j'ai peur...enfin, tu sais... j'ai tué tant de gens, et pourtant, la simple idée de mourir, je ne peux pas le supporter. C'est plutôt ironique, ou hypocrite de ma part...

- Non, juste la preuve ultime que tu es un humain comme les autres. 

Un léger sourire se dresse sur ses lèvres une nouvelle fois. 

- Princesse, tu as toujours les bons mots, et c'est sûrement pour ça que je t'aime tant. 

- Ça et mon incroyable physique, je murmure, n'est-ce pas. 

Il hoche la tête en riant. 

- Oui, il continue, c'est exactement ça. 

- Liam, je lui dis, je veux écrire, écrire un livre qui changeras le monde, c'est mon rêve.