Chapitre 28 : Celui qui veut détruire le monde

2.9K 167 2
                                    


Bucky était toujours à mes côtés, attendant désespérément que Liam ne se réveille. 

- Tu vois, il murmure, ce n'est pas sa faute, quand il aura repris le contrôle de lui-même...

- Je sais, je lui murmure, c'est juste qu'il m'a vraiment fait peur, et je ne suis pas sûr que je pourrais trouver les mots pour le ramener. 

- Je comprends bien, il continue, la seule chose que tu dois saisir c'est que la personne que tu vas voir n'aura plus rien avoir avec Liam, les mots qui sortirons de sa bouche ne seront qu'un torrent de haine et de colère, tu ne dois pas le prendre personnellement. Essaye juste de le ramener.

Que dire ? Que dire pour le ramener ?

Je n'ai plus le temps d'y penser qu'un bruit résonne dans la cave, un bruit sourd qui fait trembler toute la maison. 

- Il est réveillé.

Bucky se lève et je le suis jusqu'à la cave. Liam se tient là, son torse nu couvert de sueur, tirant sur les chaînes enfoncés dans le mur pour s'en sortir.

- Libérez-moi, il hurle, libérez-moi.

Ses pupilles sont aussi rouges que le sang, et de sa bouche s'échappent des canines bien trop longues pour un homme normal. Sa voie est rauque, tellement

- Putain, Bucky, je savais que tu me casserais les couilles, j'aurais dû te crever quand j'en avais l'occasion.

Bucky s'avance vers lui.

- Moi plus que tous, il commence, je sais à quel point tu as été seul, et à quel point tu es en colère...je sais bien que ces mots ne sont que le symbole de ta perte de contrôle et que je ne dois pas le prendre pour moi... pourtant les mots font mal.

Liam se met à rire en hochant la tête.

- Tu vas me faire pleurer, se moque Liam.

- Tu as subi tellement, Bucky continue, et tu n'as jamais eu le droit d'être en colère pour ne pas perdre le contrôle, pour ne pas transformer en une bête incontrôlable, tu as tout ravalé.

Liam ne dit rien, mais ses yeux brillent plus intensément. Ses ongles poussent de ses doigts et son corps est pris de spasmes violents qui semblent briser ses os.

- Il se transforme, lâche Bucky en sortant son arme de sa ceinture.

Je ne peux plus me retenir, alors je m'avance vers lui, ignorant Bucky qui tente de garder une certaine distance.

- Je pensais que tu m'aimais, je lui dis simplement, mais tu m'as fait du mal, comment peut-on faire du mal à une personne que l'on déclare aimer.

Il se met à rire.

- Aimer ? Moi. Je ne peux pas aimer, je ne peux que haïr. Mon souhait le plus chair, est de détruire, je veux tout détruire, absolument tout.

Il n'a plus rien d'humain à présent. Le bas de son corps est celui d'un bout tenant difficilement debout, des pattes couvertes de griffes et poils. Pourtant, le haut de son corps reste humain, pour l'instant.

- Je suis désolé, je continue, désolé que tu te sois fait abandonner, désolé que tu es fini dans une cage pendant toutes ton enfances, mais cela ne te donne pas le droit de tout détruire, de tout haïr, de le haïr.

- Tu souriais, il souffle simplement, quand tu étais dans mes bras, tu étais heureuse.

Je continue d'avancer.

- Je souriais, oui.

- Mais moi, dit-il, je n'ai jamais eu le droit d'être heureux. Depuis ma naissance, ma vie n'a été qu'une suite d'horreur, d'un enfer qui n'a jamais trouvé de fin. Et toi, tu souris. Je ne peux pas accepter de voir des gens sourire. Je devrais être le seul à y avoir droit, tous ceux qui sont heureux, doivent mourir.

Il était jaloux ? Tout simplement. Et sa jalousie s'était transformé en une haine dénuée de sens, amplifié par un pouvoir lui faisant perdre la raison.

- Tu veux faire subir aux autres des choses horribles ? Parce que tu as subi des choses horribles. Parce que ta mère t'a abandonné quand tu étais enfant, parceque, tu t'es retrouvé dans une cage jusqu'à tes 14 ans par des adultes qui te faisaient des choses que je ne peux nommer. Et parce que qu'après cela, tu as été engagé dans cette agence qui t'a transformé en une bête sauvage meurtrière pour accomplir leurs desseins ? Tu veux te venger ? Tu veux infliger une punition aveugle et arbitraire à tous ceux qui sont heureux.

- Oui, il murmure, j'arracherai le sourire, et leurs vies en même temps, et quand ce carnage sera fini, je serais le plus heureux des hommes, le seul homme sur terre.

- Tu me tueras moi aussi, je lui demande, tu ne devrais pas faire ce que tu ne veux pas que l'on te fasses.

Un lourd silence résonne et finalement, il lève les yeux en explosant de rire.

- Tu te trompes. Le monde serait tellement beau, si tous les hommes se vengeaient à la moindre occasion. Les horribles choses que j'ai subies. Les choses qui m'ont fait souffrir au point de vouloir en mourir.
Je briserai les rêves des innocents et me baignerait dans leurs sangs. Nous nous vengerons aveuglément, et ceux qui souffriront voudrons se venger auprès de nous, nous nous noierons dans notre violence et couvrirons cette terre de rouge. Un monde si radieux ne peut que m'apporter le sourire.

Je tournais mes yeux vers Bucky. Était-ce lui, le monstre que Liam avait tenté de contrôler ? Était-ce pour qu'il ne sorte pas, que Liam s'interdisait de céder à la colère ? Maintenant que ce monstre était devant moi, je ressentais une certaine tristesse à voir l'homme que j'aimais déformer par cette créature haineuse.

- Ma mère m'a abandonné et j'ai été enfermé dans cette cage. Mon corps a été souillé encore et encore, par tous ceux qui pouvaient se le payer. Ma vie n'avait aucune valeur, et ce monde n'avait plus aucun sens. Personne n'est venu m'aider, j'attendais un héros, mais j'ai dû me sauver moi-même. Un monde qui peut laisser un enfant souffrir de la sorte ne devrait pas exister. Je m'en débarrasserai. Je vais détruire ce monde, rien ne pourra m'arrêter, je vais...

Je dépose mes lèvres sur les siennes, dans un ultime effort pour le ramener. À cette distance, il pourrait facilement, mais je me dis, de manière un peu idiote, que je l'aime trop pour vivre sans lui.

- Tu ne comprends donc pas, je lâche en pleurant, c'est grâce à toi que je souriais, tu m'as sauvé, et tu m'as redonné envie de vivre, je t'interdis de disparaître pour laisser ce monstre hideux te remplacer.

Il fait un pas en arrière, s'agenouille et frappe violemment son visage à moitié loup contre le sol qui explose à l'impact.
Bucky s'interpose devant moi pour le laisser faire et m'empêcher de tenter de l'arrêter . La bête continue jusqu'à se calmer.

La transformation s'inverse et les parties du corps qui avaient pris une allure bestiale reprenne leurs allures normales. 

J'observe Liam qui se relève silencieusement, le visage ensanglanté.

- Je... qu'est-ce que j'ai dit exactement ?

- Beaucoup de chose, lui répond Bucky.

Il lève les yeux et plonge son regard dans le mien.

- Julie, je...

- Ferme là, espèce d'idiot, je lâche en pleurant, heureuse de te revoir...

Il souris.

Mon Loup (Terminée) EN  CORRECTIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant