𝐿𝑒𝑡𝑡𝑟𝑒

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     Tu ne m'avais jamais caché la dépression qui t'avais consumée avant d'entrer à l'université.

     Des tas de causes, des heures et des heures de rendez-vous psy, une année d'abandon à tenter de te reprendre. Puis t'avais remonté la pente, et je t'avais rencontrée. Rayonnante, déterminée, passionnée. Si tu ne me l'avais pas dit, je n'aurais jamais cru que tu revenais de si loin, qu'au-dessus de ta tête un nuage noir se déversait pour creuser tes méandres.

     Les trois premières années de notre amitié, t'étais le soleil de notre groupe, moteur de chaque aventure, concert, soirées, folies à peine justifiées.

     Après-midi aux calanques, barathon dans les rues de Marseille, voyage à Lisbonne, en Normandie, à Paris, petites scènes par-ci, par-là, ici et là-bas. Dans mon caméscope j'ai des nuances de toi par millier. Toujours solaire, rarement grisâtre.

     Et puis trois ans après notre rencontre tu m'as appelée pour m'annoncer la maladie qu'on venait de te diagnostiquer. Le gris courbant le jaune, nuage voilant toute lumière.

Lettre à ÉliseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant