𝐿𝑒𝑡𝑡𝑟𝑒

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     Avec toi j'ai découvert la nuit, les lumières de la ville gravées dans ma rétine.

     Les feux de Marseille scintillaient pour nous, les lampadaires jaunis doraient nos visages juvéniles, la lune révélait ses éclats d'argent sur le vieux port. Et toi en leur centre tu valsais, diamant réfractant ces lumières.

     Pour pallier la pression des cours, on se défoulait la nuit. On s'invitait à des soirées, participait aux fêtes du BDE, parcourait les boîtes de nuit pour combler nos doutes.

     Shots descendus, pintes abattues.

     On a noyé nos tourments alors si frêles dans des litres de boisson, dans la bouche des garçons. T'avais ce charme qui les enchantait. T'avais cette liberté qui les attirait, ce magnétisme qui nous perturbait tous. Libre de ton corps, de tes désirs, de ta jeunesse.

     T'as fait tourner la tête de Mahé en premier. Il s'est abandonné pour que tes yeux le caressent, pour que tes bras l'interceptent. Un soir vous vous êtes embrassés, mais jamais je ne t'ai détesté. Vous étiez beaux, votre amour éclipsait tout le reste. Remparts brisant ma jalousie au berceau. Fous de jeunesse, bercés d'amour. Votre couple vous a fait vous envoler, au-dessus de la nuit, au-dessus des passions, au-dessus du temps qui file sans qu'on s'en aperçoive et que les ailes se brisent et que la chute infiltre le ciel.

     Je suis restée spectatrice de votre amour, comédienne en second plan, la ville et ses lumières, la nuit continuant de m'emporter. Mais, quand j'y repense, j'aime savoir que tu as eu le temps d'aimer.  

Lettre à ÉliseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant